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Fabien Clavel: «Tout s’est mis en place quand j’ai lu la série des Mousquetaires»

 

Né en 1978, Fabien Clavel est l'auteur de plusieurs romans se situant dans l'univers de jeux vidéo, ainsi que de différents livres de fantasy nourris de références littéraires. Avec L'antilégende, il joue sur les grands mythes des romans de cape et d'épée.

Voir également le site Web de Fabien Clavel.

Vos premiers livres se situaient dans le domaine de la fantasy. Pourquoi avoir abordé le registre du roman de cape et d’épées avec L’antilégende ?

C’est l’idée de faire un livre autour du personnage de Don Juan qui m’en a donné envie. Don Juan est le moteur du roman, et il m’a fallu chercher les personnages qui pouvaient lui être associés. Là, les trois mousquetaires se sont imposés.

Cela m’a amené à lire la trilogie de Dumas pour baliser les rencontres possibles entre les personnages. J’avais déjà pensé à l’Homme au Masque de Fer pour en faire l’ennemi de Don Juan. Car c’est un héros sans personnalité, c’était ce qu’il me fallait contre mon personnage principal. Et tout s’est mis en place quand j’ai lu la série des Mousquetaires et que j’ai retrouvé le Masque de fer dans Le vicomte de Bragelonne.

Comment décririez-vous le monde de l’Index où se passe votre récit ?

C’est le monde où les personnages se reposent quand ils ne sont pas dans une fiction, c’est une sorte de limbes. Les héros y sont voués à la répétition, ils ne sortent pas de leur personnage. Les règles du temps et de l’espace sont donc bouleversées: c’est le pays de l’éternel retour.

Ce monde est pour moi presque plus important que l’histoire elle-même. Les héros y sont seuls. Ce ne sont pas des êtres humains, mais des êtres de papier, des «forces qui vont», pour reprendre la formule de Hugo.

Pour habiter l’Index, j’ai cherché tous les personnages connus appartenant plus ou moins à la même époque dans les différents pays européens. Pour la France, j’ai évidemment choisi les mousquetaires…

Qu’avez-vous trouvé chez Dumas ?

J’y ai trouvé les mousquetaires, j’y ai cherché des décors… Ce qui m’a plu chez les mousquetaires, c’est leur côté français, le fait qu’ils symbolisent si bien notre pays. Et pour ce qui concerne l’Homme au Masque de Fer, j’ai utilisé les notes de Dumas sur Les neuf systèmes sur le Masque de Fer qui apportent une série de théories sur l’identité de cet homme mystérieux. Mon objectif, c’était qu’il n’ait pas d’identité. J’ai donc distillé tout au long du roman ces différentes théories contradictoires rassemblées par Dumas.

Pourquoi, quand le Masque de Fer conjure son Auteur dans le monde de l’Index pour faire réécrire sa propre histoire, avoir fait apparaître Maquet et non pas Dumas ?

Parce que je cherchais un auteur de deuxième rang. Le Masque de Fer lui-même est un personnage secondaire. Il est voué à l’échec. De ce fait, il ne peut pas réussir à évoquer Dumas, il n’a que Maquet!

En outre, cette figure de «nègre» permet d’évoquer la continuité des héros littéraires et d’introduire la notion de suite.

En quoi cette notion de suite est-elle importante dans L’antilégende ?

J’ai cherché toutes les connexions, les personnages réutilisés par d’autres auteurs. J’ai utilisé par exemple les rencontres de d’Artagnan et Cyrano de Bergerac telles que les a mises en scène Paul Féval fils dans D’Artagnan contre Cyrano.

L’idée, c’est que les personnages continuent de vivre, quel que soit leur auteur. C’est à travers leurs différentes incarnations, dans différentes œuvres qu’ils peuvent connaître de nouvelles aventures. Les suites sont donc partie intégrante de ces personnages.

En même temps, il y a une impossibilité pour les personnages de sortir de leur rôle. Je ne leur ai donc pas ajouté de caractéristiques, contrairement à ce qu’on aurait pu attendre. Je n’ai pas «psychologisé» Don Juan, ni cherché à le rendre sympathique; les mousquetaires se contentent de refaire ce qu’ils ont déjà fait chez Dumas.

Souvent les suites se contentent soit de plagier ou de pasticher, soit de gauchir les personnages pour en donner une interprétation différente. J’ai préféré les montrer incapables d’évoluer, se répétant sans cesse, dans une sorte d’état de nature, de friche. D’autant que le monde de l’Index les prive de l’intervention d’un Auteur qui pourrait les lancer dans une autre histoire. Le seul qui se révolte contre sa condition de personnage, c’est le Masque de Fer et sa tentative est vouée à l’échec dès le début. De même que Don Juan ne saura échapper au Commandeur.

Quelle place Alexandre Dumas occupe-t-il pour vous ?

C’est en fait une découverte récente. De lui, je n’avais lu que Le comte de Monte-Cristo. C’est en faisant les recherches pour L’antilégende que j’ai lu la trilogie des Mousquetaires, dans une optique très utilitaire d’ailleurs!

En réalité, je suis surtout fan de Hugo, c’est un auteur qui a un peu pris la place de Dumas pour moi, avec son côté roman populaire au long cours et son goût pour l’histoire. D’autant que je suis professeur de français. Or, dans les milieux universitaires, Dumas est tenu à l’écart, il est beaucoup moins étudié et estimé que Hugo.

Propos recueillis par Patrick de Jacquelot

 

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