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Cyrano and the two plumes
Les deux panaches de Cyrano

John Shirley

24 pages
2008 - États-Unis
SF, Fantasy - Nouvelle

Intérêt: **

 

 

Cette curieuse nouvelle a été publie en France en 2011 dans l’anthologie de fantasy historique Dimension de capes et d’esprits (Editions Rivière Blanche). Un sorcier intervient pour «suspendre le temps» à l’instant où la poutre jetée d’un toit par un assassin va tuer Cyrano. Le sorcier propose un marché à ce dernier: il lui sauvera la vie pour de bon si Cyrano accepte d’aller dans l’avenir tuer un futur tyran. A défaut, le sorcier laissera la poutre fracasser le crâne du héros.

Cyrano accepte le marché et se trouve projeté quelques années plus tard dans l’antichambre du jeune Louis XIV. Il se heurte à l’homme chargé de la protection rapprochée du souverain: d’Artagnan.

Les deux hommes se connaissent et s’estiment, mais n’en engagent pas moins un duel à mort… qui semble sans issue tant ils sont tous deux de même force à l’épée. Jusqu’à ce que le mage assomme d’Artagnan par derrière.

Mais Cyrano finit par se rebeller contre les instructions du mage et décide qu’il ne peut honorablement assassiner l’enfant roi. Il tue le sorcier et se retrouve dans la rue au début de l’histoire: la chute de la poutre le tue. D’Artagnan vient le pleurer lors de ses funérailles.


Cette nouvelle vient s’ajouter à la liste déjà longues des rencontres entre d’Artagnan et Cyrano. Elle se distingue par son thème fantastique et constitue un hommage inattendu aux deux héros.



Extrait

- Qui va là? interrompit une voix profonde, depuis la porte qui menait à la chambre à coucher.

Cyrano vit la silhouette d’un Mousquetaire franchissant le seuil. Derrière lui, dans la lumière d’une chandelle fichée dans un bougeoir d’argent, il distingua la forme mince d’un homme de petite taille, endormi dans le lit le plus grand qu’il n’ait jamais vu. Son sommeil était agité, mais il dormait quand même. Le Mousquetaire referma la porte de la chambre.

- Voilà! Vous avez vu le tyran! Il dort! siffla le magicien. Passez sur le corps de ce voyou, tuez-le et tout se terminera bien!

Le regard de Cyrano s’était fixé sur le Mousquetaire; en dépit de son uniforme, il n’avait pas de mousquet. Il était armé d’une épée et d’une dague. Son chapeau ressemblait à celui de Cyrano, avec une plume blanche, mais moins usée. Ses basques et sa veste étaient de soie bleue, lustrée par la lumière de la bougie; son manteau était taillé avec raffinement; il portait le ruban d’un officier. Ses manchettes et son jabot étaient faits de la plus fine des dentelles. Son visage était caché par l’ombre de son chapeau.

- Ha! Un assassin! s’écria le Mousquetaire en dégainant son épée. Puis, il hésita. Mais... Il me semble vous reconnaître... N’étions-nous pas ensemble à Arras? N’ai-je pas assisté à votre splendide duel à l’Hôtel de Bourgogne, quand vous improvisâtes un magnifique poème, alors même que votre épée croisait le fer de votre ennemi? Comment pourrais-je me méprendre sur ce profil? N’êtes-vous pas Cyrano de Bergerac?

Parlant ainsi, le Mousquetaire s’avança dans la lumière. En dépit de son bel uniforme, il avait le visage maigre et buriné d’un soldat. Les poils raides de sa moustache et de sa barbiche noire ne dissimulaient pas deux longues cicatrices sur son visage, ni son expression aussi menaçante qu’un amoncellement de nuages à l’approche de l’orage.

Cela faisait bien des années qu’ils ne s’étaient vus, mais Cyrano reconnut alors une vieille connaissance: Charles de Batz de Castelmore, Comte d’Artagnan. Jadis le légendaire compagnon d’Athos, Porthos et Aramis, d’Artagnan s’était rangé au service du Premier Ministre et du Roi.

Cyrano et d’Artagnan n’étaient pas à proprement parler amis; d’Artagnan n’avait aucun penchant pour la littérature et n’avait jamais apprécié le sens de l’humour de Cyrano, ni sa notoriété en matière de libre pensée, que d’Artagnan, à l’âge mûr, en était venu à considérer comme du simple anarchisme. Toutefois, ils se vouaient un puissant respect mutuel depuis le siège d’Arras. Ce fut avec regret que Cyrano de Bergerac tira son épée.

Traduction Gabrielle Comhaire

 


 

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