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La jeunesse de d’Artagnan

Lucien Pemjean

282 pages
Editions Baudinière - 1930 - France
Roman

Intérêt: *

 

Ce livre a été publié avec un texte identique sous deux titres et deux noms d'auteurs différents: La jeunesse de d'Artagnan, de Lucien Pemjean, 282 pages, Editions Baudinière, 1930, et Premiers exploits de d'Artagnan, de H-L Thiriot, 253 pages, La Technique du Livre, 1948

 

La Jeunesse
de d'Artagnan

par Lucien PEMJEAN

l'Auteur du célèbre roman Cyrano de Bergerac, qui a été édité successivement, en fascicules et en volumes, par quatre grandes Maisons d'Edition Parisiennes, et reproduit en feuilleton par plus de quarante journaux de province et de l'étranger.

La Jeunesse de d'Artagnan n'est pas seulement l'un des plus passionnants récits chevaleresques parus depuis longtemps. C'est aussi la reconstitution, d'après des documents historiques, d'une personnalité que la géniale fantaisie d'Alexandre Dumas a quelque peu déformée.

Dans une préface magistrale, qui est un véritable

EVENEMENT LITTERAIRE

LUCIEN PEMJEAN nous donne un aperçu des audacieuses libertés prises avec l'Histoire par le grand romancier populaire.


La principale originalité de cette Nième réécriture des aventures de d'Artagnan tient à l'avant-propos de Pemjean, présenté par l'éditeur comme un "événement littéraire". L'auteur, tout en affectant de rendre hommage au génie de Dumas, y dénonce de façon virulente les "anachronismes, déplacements de décors, altérations de faits, travestissements de personnages" qui caractérisent la série des Mousquetaires. Se refusant de recourir à ces "effarants procédés d'escamotage", Lucien Pemjean se flatte donc de rétablir la vérité historique massacrée par Dumas.

L'amusant est que la "vérité historique" façon Pemjean consiste principalement à assurer qu'Athos, Porthos et Aramis étaient en réalité trois frères. Ce qui ne l'empêche nullement de leur attribuer exactement les mêmes traits de caractère que Dumas - Athos réfléchi et noble, Porthos fort et vantard, Aramis religieux manqué. Pemjean n'hésite pas non plus à utiliser des personnages aussi "historiques" que les quatre domestiques des mousquetaires de Dumas...

La jeunesse de d'Artagnan est donc en fait un plagiat pur et simple des Mousquetaires, utilisant le même procédé que Dumas: placer les héros au coeur d'événements historiques et les y faire jouer un rôle central, fût-il totalement fantaisiste.

En l'occurrence, l'action se passe dans les dernières années du "règne" de Richelieu. Les mousquetaires se trouvent pris dans l'affrontement qui oppose le cardinal à Gaston, duc d'Orléans et frère de Louis XIII, et à Cinq-Mars. Leurs courageuses interventions leur permettront de prouver au roi que Richelieu a cherché à faire enlever la duchesse de Montpensier, fille de Gaston, et que Cinq-Mars n'a pas hésité à recruter des tueurs pour assassiner d'Artagnan (dont il est horriblement jaloux car la jeune duchesse en est tombée follement amoureuse). Ils seront donc à l'origine de la disgrâce finale prêtée au cardinal et de l'exécution du Grand Ecuyer Cinq-Mars.

Toute prétention historique mise à part, La jeunesse de d'Artagnan, qui se poursuit avec Le capitaine d'Artagnan, se lit finalement plutôt agréablement, comme un roman de cape et d'épées dans la plus pure veine dumasienne!

Il est à noter que l'ouvrage a été réédité avec un texte identique sous le titre Premiers exploits de d'Artagnan et sous la signature de H-L Thiriot, tout comme la suite Le capitaine d'Artagnan. La jeunesse de d'Artagnan a aussi été publiée dans la presse sous le titre Le vrai d'Artagnan comme dans le journal Feuille d'Avis de Neuchâtel en 1932.

Les deux romans ont par ailleurs été publiés aux Etats-Unis en 1932 sous le titre The New Adventures of D'Artagnan, Junior Literary Guild and Doubleday, Doran & Co., Inc. New York. Le volume comprend deux parties: When D'Artagnan was Young et Captain D'Artagnan.

 

Extrait du chapitre deux Quatre frères d'armes

C'étaient trois frères, entrés l'un après l'autre, par la protection du comte de Tréville, capitaine de la Compagnie des Mousquetaires du Roi, dans ce corps d'élite qui n'était accessible qu'à des gentilshommes ayant fait leurs preuves de bravoure et de dévouement à la personne du monarque.

Originaires du même pays que leur chef, le pays de Soule, dans les Basses-Pyrénées, ils lui avaient été chaudement recommandés par de communs compatriotes du Béarn qui avaient été témoins de leurs exploits de jeunesse au service de la cause royale.

Mais un singulier mystère, dont seul, disait-on, M. de Tréville avait la clef, enveloppait leur naissance. Eux-mêmes, ajoutait-on, ne connaissaient pas leur nom de famille, qui avait été secrètement communiqué au capitaine des Mousquetaires par les parents d'adoption qui les avaient élevés.

On ne les connaissait que sous les noms assez bizarres d'Athos, de Porthos et d'Aramis, vocables à désinence grecque, qu'ils portaient depuis leur plus jeune âge, et qui auraient pu prêter à sourire dans le milieu où ils vivaient maintenant, s'ils ne les avaient illustrés par maintes prouesses.

De caractères et de tempéraments différents, et n'ayant, par les traits, qu'une de ces vagues ressemblances peu apparentes même aux regards des initiés, ils n'avaient de commun, outre leur aspect chevaleresque et leur indomptable courage, qu'un air de suprême distinction qui attestait la haute qualité de leur ascendance.

Leurs goûts, leurs dispositions, leurs tendances se heurtaient parfois, comme il arrive chez beaucoup de personnes du même sang, mais, quelles que fussent leurs différences de sentiments et d'inclinations, chacun d'eux portait, dans sa personnalité propre, l'indélébile empreinte de la race.

Athos, l'aîné, était un homme de vingt-six ans. Réfléchi, posé, porté à la mélancolie, il ne prenait aucune détermination à la légère. Mais, une fois engagé dans l'action, il y déployait une ardeur, une fougue, une ténacité qu'on n'eût point soupçonnées chez lui.
Ne se liant pas facilement, et même assez distant, il vivait seul avec son domestique Grimaud, ne fréquentant aucun lieu de plaisir et n'affichant aucune relation féminine.
On ne lui connaissait qu'un défaut, c'était de boire un peu plus que de raison. Encore ne l'avait-on jamais vu ivre, et l'excusait-on en chuchotant que c'était pour noyer un lancinant chagrin d'amour.

Tout autre était son cadet, Porthos, qui avait un an et demi de moins que lui. Le plus grand et le plus fort des trois frères, il en était aussi le plus fringant et le plus exubérant.
Aimant à se faire voir, à parader, à se vanter de ses bonnes fortunes, il menait la vie large et joyeuse.

Avec cela, toujours prêt à croiser le fer, soit pour lui-même, soi pour ses compagnons d'armes.

C'était un boute-en-train et un entraîneur.

Le dernier, Aramis, n'avait guère plus de vingt-trois ans. Calme, studieux, de manières douces et onctueuses, il aimait à répéter qu'il avait manqué sa vocation en n'entrant pas dans les ordres.

Le fait est qu'il recherchait la société des théologiens et des religieux. Mais de méchantes langues prétendaient qu'il ne dédaignait pas non plus celle des chanoinesses et des abbesses.

Naturellement, il s'en défendait avec indignation, de même qu'il affirmait ne jamais tirer l'épée sans regret, ce qui ne l'empêchait pas de la manier très convenablement et même d'une façon fort redoutable pour ses adversaires.

Tel était, à grands traits, le fraternel trio qui trinquait avec entrain chez maître Grangeau, le sympathique hostelier de céans.


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