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A Portrait of the Artist as a Young Man
Portrait de l’artiste en jeune homme

James Joyce

322 pages
1916 - Irlande
Roman

Intérêt: *

 

Ce n’est qu’une page environ dans un épais volume mais elle est très significative: Le comte de Monte-Cristo fait une apparition remarquable dans le roman autobiographique de James Joyce Portrait de l’artiste en jeune homme. Le célèbre écrivain irlandais y évoque sa fascination, petit adolescent, pour le roman de Dumas qui nourrit son imagination (voir extrait ci-dessous).

Surtout, l’image de Mercédès s’impose dans ses rêveries sentimentales. Romantique, il s’imagine des amours malheureuses et «erre de jardin en jardin à la recherche de Mercédès». La lecture de Monte-Cristo aura ainsi durablement marqué le très jeune homme et son éveil à la vie sentimentale.

D'autres romans rendent de la même façon un hommage bref mais appuyé au Comte de Monte-Cristo dont, par exemple, Room d’Emma Donoghue ou Balzac et la Petite Tailleuse chinoise de Dai Sijie.

Extrait du chapitre 2

His evenings were his own; and he pored over a ragged translation of The count of Monte Cristo. The figure of that dark avenger stood forth in his mind for whatever he had heard or divined in childhood of the strange and terrible. At night he built up on the parlour table an image of the wonderful island cave out of transfers and paper flowers and coloured tissue paper and strips of the silver and golden paper in which chocolate is wrapped. When he had broken up this scenery, weary of its tinsel, there would come to his mind the bright picture of Marseille, of sunny trellises, and of Mercedes.

Outside Blackrock, on the road that led to the mountains, stood a small whitewashed house in the garden of which grew many rosebushes: and in this house, he told himself, another Mercedes lived. Both on the outward and on the homeward journey he measured distance by this landmark: and in his imagination he lived through a long train of adventures, marvellous as those in the book itself, towards the close of which there appeared an image of himself, grown older and sadder, standing in a moonlit garden with Mercedes who had so many years before slighted his love, and with a sadly proud gesture of refusal, saying:

- Madam, I never eat muscatel grapes.

 

Traduction en français

Ses soirées lui appartenaient et il se plongeait dans une traduction dépenaillée du Comte de Monte-Cristo. La figure de ce farouche vengeur personnifiait dans son esprit tout ce qu'il avait entendu ou pressenti d'étrange et de terrible durant son enfance. Le soir, il reproduisait sur la table du salon la fabuleuse caverne de l'île, à l'aide de décalcomanies, de fleurs en papier, de papier crépon de couleur, de bandes de papier d'argent ou d'or provenant des tablettes de chocolat. A la fin lorsque, fatigué de tout ce clinquant, il avait détruit le décor, son imagination retrouvait dans tout leur éclat les visions de Marseille, des treilles ensoleillées et de Mercédès. Aux environs de Blackrock, sur la route qui menait aux montagnes, il y avait une petite maison blanchie à la chaux, dans le jardin de laquelle poussaient de nombreux rosiers; et dans cette maison, se disait-il, habitait une autre Mercédès. Sur le chemin du départ comme sur celui du retour, il mesurait la distance d'après ce point de repère; et dans son imagination il vivait une longue série d'aventures aussi merveilleuses que celles du livre, vers la fin desquelles apparaissait une image de lui-même, devenu plus âgé et plus triste, debout dans un jardin éclairé par la lune, en compagnie de Mercédès qui avait, tant d'années auparavant, dédaigné son amour et à qui il disait, avec un geste de refus triste et fier:

«Madame, je ne mange jamais de raisin muscat.»

Traduction Ludmila Savitzky révisée par Jacques Aubert


 

 

 

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