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D’Artagnan héros de légende

Claude Merle

238 pages
Bayard Jeunesse - 2014 - France
Roman

Intérêt: 0

 

 

Cette biographie de d’Artagnan destinée aux enfants à partir de dix ans est écrite par un spécialiste du genre, auteur de livres similaires consacrés au roi Arthur, à César ou à Robin des Bois. Pour raconter la vie du célèbre mousquetaire, Claude Merle a « choisi la légende, de préférence à l’histoire. La réalité s’efface ici devant le rêve. Alexandre Dumas ne nous en voudra pas », écrit-il dans sa préface.

Du coup, le livre n’est rien d’autre qu’une réécriture directe des Trois mousquetaires, simplifiée et adaptée pour convenir à de jeunes lecteurs.

Pour le ramener à quelque 200 pages, les valets des mousquetaires disparaissent complètement, de même que tout l’épisode de La Rochelle. Pour ne pas choquer les enfants, Constance n’est plus la femme de Bonacieux mais sa nièce.

Le résultat est inodore, incolore et sans saveur. La raison d’être d’un tel livre, bien entendu, est de donner envie à l’enfant de lire ensuite la version originale. On peut se demander si l’inverse n’est pas tout aussi probable, avec des réactions du genre : « je ne vais pas lire Les trois mousquetaires puisque je connais déjà l’histoire ! ».

 

Extrait du chapitre 2 Le balafré

D’Artagnan se serait volontiers passé d’une telle monture pour faire son entrée à Paris. Mais comment voyager avec douze écus dans sa bourse quand il faut se nourrir et se loger?

«Je vendrai ce bourrin une fois arrivé, après-demain », calcula-t-il.

Il avait atteint Meung, à trente lieues de la capitale, après une chevauchée d’une lenteur désespérante, et s’arrêtait devant l’auberge du Franc-Meunier quand il entendit des plaisanteries.

Ceux qui se gaussaient de son équipage se penchaient à la fenêtre sans essayer de cacher leur hilarité.

— Bouton d’or, cette couleur, fréquente en jardinage, est assez inhabituelle chez les chevaux!

Les rires redoublèrent. Aucun doute: il s’agissait bien d’Orage. L’auteur de la plaisanterie était un gentilhomme d’une quarantaine d’années aux yeux noirs et au visage sévère marqué d’une cicatrice à la tempe droite. Vêtu d’un habit noir orné de dentelle au col et aux poignets, il avait grande allure.

D’Artagnan se sentit insulté. Une main sur la garde de son épée, il s’avança vers 1’auberge d’un air menaçant.

— Eh! monsieur, s’écria-t-il. Monsieur, oui, vous qui vous cachez derrière ce volet. Dites-moi de qui vous riez, et nous rirons ensemble!

Ramenant les yeux de la monture au cavalier, le gentilhomme interpellé répondit avec insolence:

— Je ne vous parle pas, monsieur.

— Mais je vous parle, moi, monsieur le jardinier, répliqua d’Artagnan, exaspéré par la politesse méprisante de l’inconnu.

Le gentilhomme le regarda avec un léger sourire, puis, sortant de l’auberge, il s’approcha de lui.

Sa contenance tranquille et son air railleur alimentèrent la gaieté des spectateurs. Furieux, d’Artagnan tira son épée à demi hors du fourreau.

— Il est moins risqué de se moquer d’un cheval que de son maître.

— Je ne ris pas souvent, monsieur, répliqua le gentilhomme, mais je tiens au privilège de rire quand il me plaît.

— Et moi, s’écria d’Artagnan, je défends qu’on rie quand il me déplaît.

— Vraiment, monsieur? soupira le Balafré. C’est votre droit.

Tournant le dos, il regagna l’hôte1lerie où l’attendait un cheval tout sellé.

D’Artagnan n’était pas d’un caractère à digérer cet affront. Il tira son épée hors du fourreau et le suivit en criant:

— Tournez-vous, monsieur le tailleur, ou sur ma foi je vous frappe par derrière!

L’autre pivota sur ses talons et regarda 1e jeune cavalier avec autant d’étonnement que de mépris.

— Me frapper? Allons donc! Vous ignorez qui je suis!

— Un insolent qui mérite une leçon!

D’Artagnan lui allongea un coup de pointe qui l’obligea à faire un bond en arrière. Voyant que l’affaire était sérieuse, le gentilhomme tira son épée, salua son adversaire et se mit en garde avec une sorte d’ennui. Au même instant, d’Artagnan reçut une bûche sur le crâne. Reprenant ses esprits, il se vit entouré de valets armés de bâtons, qui l’assaillirent tous à la fois. Pendant qu’i1 se retournait pour faire face à cette grêle de coups, son adversaire rengaina et regarda la correction avec son impassibilité habituelle en marmonnant:

— La peste soit des Gascons!

 


 

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