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La graine de mousquetaires
Vaudeville en cinq actes

Paul de Kock
Guénée

34 pages
Beck, libraire - 1849 - France
Pièce de thêatre

Intérêt: *

 

Représenté pour la première fois à Paris au Théâtre des Folies-Dramatiques le 19 mai 1849, cet honnête plagiat vise à mettre en scène les mousquetaires au premier degré, sans distanciation parodique marquée.

La pièce imagine la rencontre fortuite des quatre héros, tous jeunes hommes venant de fuir leur famille et se rendant à Paris pour y faire fortune. Ils font connaissance dans une auberge, ainsi d'ailleurs que de Planchet, qui y est domestique.

Les quatre jeunes gens y rencontrent également une marquise persécutée par Richelieu. Ce dernier, épris d'elle, lui a fait cadeau d'une bague qu'elle a elle-même donnée à son amant qui a dû prendre la fuite pour échapper au cardinal.

Richelieu exige que la marquise paraisse devant lui avec ce bijou. Les futurs mousquetaires se chargent de retrouver l'amant et de récupérer la bague. Ils partent à sa poursuite, bernent le marquis de mari, se retrouvent prisonniers dans un couvent, s'en échappent, apportent le bijou in extremis et se font obtenir des brevets de mousquetaires par la marquise.

Menée d'un ton assez vif, entrecoupée de très nombreuses chansons, la pièce ne fait preuve d'aucune originalité. Les différents éléments de l'intrigue sont purement et simplement recopiés chez Les trois mousquetaires, et en particulier l'épisode des ferrets de la Reine.

Extrait de l'acte 2, scène 2

D'Artagnan, Athos, Porthos, Aramis, Planchet

PLANCHET, sortant de la pièce à gauche, en bonnet de laine.
Messeigneurs m'ont fait l'honneur d'appeler leur serviteur...

ATHOS. Sans doute, avance, maraud.

PLANCHET. Maraud... c'est pas mon nom, je m'appelle Planchet...

PORTHOS. Tu t'es bien fait attendre... paltoquet!

PLANCHET. Bon! voilà que je m'appelle paltoquet à présent.

ARAMIS. Une autre fois soyez plus prompt, mon ami.

PLANCHET. Monsieur, ce n'est pas ma faute, j'étais en train de me recoudre un bouton, car je m'use, oh! mais je m'use que je ne sais pas où ça s'arrêtera, mon haut-de-chausse devient d'un mince... la portière m'a dit qu'on voyait... le jour au travers!

D'ARTAGNAN. Le fait est que tu manques d'élégance... tu n'es pas digne d'être à notre service.

PLANCHET. Vous trouvez... c'est vrai que j'étais mieux mis que ça chez mon parrain Chapon... j'avais une Pelotte pour recoudre mes boutons alors! mais si vous me donniez les trois livres par mois que m'avez promises.

D'ARTAGNAN. C'est bien... nous verrons plus tard... quand nous serons mousquetaires...

PLANCHET. J'ai le temps d'attendre!..

ATHOS. Tu dis, croquant?

PLANCHET. Croquant!.. Planchet... je me nomme Planchet... Monsieur de la Fère.

ATHOS. Et moi je ne m'appelle plus de La Fère; ne te rappelleras-tu donc jamais que pour dépister nos parents nous avons changé de noms, que j'ai pris celui d'Athos.

ARAMIS. Moi, celui d'Aramis.

PORTHOS. Moi celui de Porthos, parce que je porte tout ce qu'on veut.

PLANCHET. Tiens, j'ai envie de m'intituler Planchinos.

D'ARTAGNAN. Seul, j'ai gardé le nom de mon village... d'Artagnan... Messieurs, quelque chose me dit que nos noms seront illustres un jour... qu'ils ne périront pas...

PORTHOS. C'est mon estomac qui dépérit... Planchet, va chercher le déjeuner.

PLANCHET. Volontiers, Messieurs... si voulez me donner de la monnaie...

D'ARTAGNAN. Qu'est-ce qu'il dit... Qu'est-ce que tu te permets de dire?

PLANCHET. Dame, je me permets de vous demander de l'argent pour avoir des comestibles...

ATHOS. De l'argent... à quoi bon?

ARAMIS. L'argent est la source de tous les vices...

PLANCHET. C'est aussi la source de tous les déjeuners, d'autant plus que le cabaretier ne veut plus faire crédit.

D'ARTAGNAN. C'est différent; alors les mains aux poches, Messieurs... faisons une masse... tends ton bonnet, Planchet.

PLANCHET, présentant son bonnet. Voilà, Messieurs... faites une grosse masse... je ne vas pas regarder, on comptera en bloc.

ATHOS, après avoir fouillé à sa poche. Voilà...
(Il met dans le bonnet sans qu'on voie ce que c'est.)

ARAMIS. A mon tour... (Il se fouille.) Voilà tout ce que je possède... (Il met de même.)

PORTHOS, se fouillant. Est-ce que par hasard... j'aurais perdu... ah! si... je sens quelque chose... (Il met.)

D'ARTAGNAN. Quant à moi, je ne sais pas si j'ai, enfin... voilà tout ce que j'ai... (Il met.)

PLANCHET. Ah! nous allons voir ce que ça fait. (Il secoue son bonnet.) C'est singulier, ça ne sonne pas du tout...

D'ARTAGNAN. Compte donc, imbécile...

PLANCHET, fouillant dans le bonnet. Qu'est-ce que je sens là... (Il tire.) Un dez... de biribi! une pelotte de ficelle... la dame de coeur... et un bouton de haut-de-chausses... celui que j'ai perdu. (Les jeunes gens rient.) Et vous voulez que j'aille acheter à déjeuner avec ça, Messieurs...

D'ARTAGNAN. Allons! pas tant de façons, dis au cabaretier qu'il nous donne ce qu'il a de plus délicat, une dinde truffée, du vin d'Anjou...

ARAMIS. Des soupirs de nonne...

PORTHOS. Du porc frais, et que le cuistre serve chaud, ou nous le ferons périr sous le bâton.

PLANCHET. Mais c'est moi qui vais en recevoir du bâton!

D'ARTAGNAN. Tu as entendu... nous, Messieurs, allons achever notre toilette... Porthos, je te prêterai un haut-de-chausses.

Air: Sans délai

Va chercher notre repas,
Surtout qu'il soit confortable,
Nous voulons nous mettre à table,
Ainsi donc presse le pas.

PLANCHET, à part.
Quand ils espèrent festoyer,
Qu'ils rêvent à mille bamboches,
J'ai peur qu'au retour mon panier
Soit aussi vide que leurs poches!

ENSEMBLE
Va chercher notre repas, etc.



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