Porthos' library* in Ballads of a book-worm
Irving Browne
2 pages East Aurora - 1899 - États-Unis Poème
Intérêt: **
Avocat américain, Irving Browne (1835-1899) était un
ardent bibliophile. Il a consacré deux volumes à sa
passion des livres, qui s’étendait aux livres en tant
qu’objets, au-delà de l’intérêt de leur contenu. Dans
son recueil Ballads of a book-worm, il consacre
un poème aux relations de Porthos avec les livres.
Pourquoi ce sujet a
priori surprenant? Parce que dans Le vicomte de
Bragelonne, après la mort de Porthos à Belle-Ile,
le chapitre Le testament de Porthos est consacré
à la lecture des dernières volontés du mousquetaire
défunt. Dans l’énumération de ses biens figure en
septième position la mention suivante: « Ma
bibliothèque, composée de six mille volumes tout
neufs, et qu’on n’a jamais ouverts ». Une
phrase merveilleuse dans laquelle on retrouve sa
naïveté, son goût de l’ostentatoire et son tempérament
peu tourné vers les activités intellectuelles…
A partir de cette simple ligne, Irving Browne tire donc
un poème dans lequel il s’interroge sur l’utilité que le
mousquetaire pouvait bien trouver à cette bibliothèque.
La réponse: si le château était assiégé, les six mille
gros volumes deviendraient dans les mains du colosse des
projectiles redoutables pour repousser les assaillants!
Très joliment tourné, le poème ne manifeste aucun mépris
d’un bibliophile convaincu envers quelqu’un qui ne porte
aucun intérêt aux livres, bien au contraire: le texte se
termine par un vibrant hommage à Porthos qui « n’était
pas doué pour l'écriture ou l’orthographe mais était
plus sympathique que la plupart des livres ».
Sans aucun doute le plus beau compliment qu’un amoureux
des livres pouvait prononcer!
Bref, un petit joyau.
Merci à Mihai-Bogdan
Ciuca d’avoir déniché ce poème.
Texte intégral
PORTHOS, expectant of a
rope-end,
Bequeathed his books to Bragelonne,
They were "quite new and never opened,"
A fact he plumed himself upon.
"Six thousand volumes," said the will,
But Porthos none of them had read;
His only pastime was to kill,
And books but served to tire his head.
What huge and mighty tomes were those,
Appropriate to such a giant?
Such elephantine folios
In his strong grasp would prove quite pliant.
What missiles fraught with fatal harm,
In case of seige of his chateau,
Propelled by his balistic arm
Upon the aggregated foe!
The leaves he never would have cut
But with his dagger at his belt,
Imagining each stroke was put
Up to the hilt in hostile pelt.
If he the words had understood
His sigh or laugh had echoed louder
Than forces rending rock and wood
Which dug his grave with flash of powder.
The biggest volume would not be
Sufficient to unfold his worth,
His simple faith and loyalty,
His honor spotless from his birth,
So gentle giant, rest thee well!
We view thy tomb with saddened looks;
Thou wert not skilled to write or spell,
But more engaging than most books.
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