Sommaire  Tous les livres BD Expositions Musique Objets des mythes
Votre pastiche
Recherche



The unforgiven: Athos

Michele Hauf

434 pages
Autoédition - 2015 - États-Unis
Roman

Intérêt: *

 



The unforgiven: Athos est un curieux livre, mélange de roman sentimental et de récit de cape et d’épée. Totalement centré sur Athos, même si d’Artagnan et Aramis y font des apparitions, il est exaspérant à bien des égards tout en comportant quelques éléments intéressants.

L’histoire, qui se situe chronologiquement entre Les trois mousquetaires et Vingt ans après, est celle de la rencontre entre Athos et une belle inconnue, Emmanuelle Vazet. Celle-ci a un passé tragique. Ses parents ont été assassinés et elle a été recueillie par un certain Michel Clément qui l’a façonnée pour en faire à la fois une combattante hors pair et une véritable esclave totalement soumise à sa volonté. Devenue adulte, elle est employée par Clément et sa société secrète, le Pacte des Justice (sic, en français dans le texte), pour exécuter leurs basses œuvres: s’en prendre aux grands seigneurs qui maltraitent le peuple, que l’on appelle Les Grandes (re sic). Une tâche qui pourrait sembler admirable sauf que les membres du Pacte des Justice, Michel Clément en tête, sont en fait d’infâmes crapules. C’est d’ailleurs eux qui ont assassiné les parents d’Emmanuelle. Redoutablement efficace, cette dernière est connue sous le surnom de la Belle Dame sans Merci (re re sic).

Bref, celle-ci aimerait bien échapper à leur emprise et changer de vie mais elle est rongée de remords et de doutes. Tout comme Athos qui, lui, ne se remet pas de l’exécution de Milady. Ces deux grands blessés de la vie, écorchés vifs, en quête de pardons qu’ils ne savent pas où obtenir, sont faits pour s’entendre, on s’en doute bien vite, mais à condition de réussir à surmonter leurs tourments internes, ce qui n’est pas de la tarte.

Athos et Emmanuelle font connaissance au tout début du livre, dans des circonstances - comment dire? - assez particulières. Totalement inconnus l’un à l’autre, ils se croisent dans une rue de Paris, se rendent ensemble dans une impasse et y ont une relation sexuelle expédiée en trois minutes qui leur laisse à chacun un souvenir inoubliable. Là-dessus, le mousquetaire Athos se voit chargé de trouver et arrêter la Belle Dame sans Merci. Et comme on lui présente une sorte de portrait robot de la redoutable criminelle, il reconnaît… la belle inconnue avec laquelle il vient tout juste de forniquer. Bon sang, mais c’est bien sûr!

Plutôt motivé, du coup, vu qu’il reprendrait bien leur « conversation » intime là où ils en étaient restés, il se met en chasse. Moult péripéties plus tard, Athos retrouve la belle par hasard dans son petit château de province où elle a recueilli par hasard là aussi un enfant abandonné dans la forêt qui n’est autre que Raoul, mais oui, le fils d’Athos qui deviendra plus tard le vicomte de Bragelonne. Tout ce petit monde est capturé par l’infâme Michel Clément et ses amis du Pacte des Justice. Parmi ces derniers figure un adolescent qui en veut beaucoup, mais alors là vraiment beaucoup, à Athos: il apparaît qu’il s’agit de John de Winter, le fils de Milady (Mordaunt dans Vingt ans après). Quelques combats plus tard, les méchants sont éliminés et Athos et Emmanuelle peuvent enfin coucher ensemble dans de bonnes conditions. Ouf!


Il y a de multiples éléments absolument exaspérants dans The unforgiven: Athos. L’intrigue progresse à coups de coïncidences monstrueuses: l’inconnue dont Athos vient de faire la « connaissance » se révèle être la femme qu’il est chargé d’arrêter; quand il s’arrête par hasard dans un petit château, c’est celui de la belle en question; un enfant est-il abandonné dans la forêt près du même château, c’est le fils d’Athos; Athos et Emmanuelle traversent le village de la Fère, Michel Clément s’y trouve par hasard, etc. Les épanchements d’Athos et d’Emmanuelle sur leurs états d’âme sont interminables et totalement répétitifs (« puis-je encore aimer? » « comment me faire pardonner le mal que j’ai commis? » « voudra-t-elle/il de moi? »). Athos se laisse battre sauvagement sans se défendre par le fils de Milady parce qu’il l’a bien mérité, lui Athos, et que le pauvre jeune homme a trop souffert (voir extrait ci-dessous).

Ahurissant aussi, même si parfois assez drôle, le « français » utilisé dans le roman pour faire couleur locale. On a vu la Belle Dame sans Merci, Les Grandes, le Pacte des Justice mais il y a bien d’autres perles. Clément, par exemple, appelle systématiquement Emmanuelle « mon tombé ange » (re re re sic). Il est très curieux de constater ce problème récurrent chez les auteurs américains: l’incapacité à faire vérifier par un francophone l’utilisation d’expressions censées être en français.

Toujours au chapitre des aspects lourdement négatifs, les faiblesses de l’intrigue au-delà même des coïncidences. La société secrète luttant contre les grands seigneurs est peu crédible. Quand Athos et Emmanuelle passent plusieurs heures dans le village de la Fère où ils rencontrent plein de monde, rien ne permet à la jeune femme de comprendre qu’Athos (qu’elle ne connaît que sous ce nom) est le comte de la Fère. Elle cherche le père de l’enfant qu’elle a recueilli mais ne comprend pas qu’Athos est le père en question, pas plus que le mousquetaire ne réalise qu’Emmanuelle a récupéré Raoul…

En dépit de tout cela, force est de constater qu’il y a quelques éléments pour sauver le roman du naufrage complet. Le personnage d’Emmanuelle est intéressant (quand on réussit à faire abstraction de son auto apitoiement) de par la manière dont elle a été façonnée et conditionnée pour devenir un instrument au service de la société secrète. De même, Michel Clément est assez réussi avec son extrême perversité et son art de la manipulation. Enfin, l’irruption inattendue du fils de Milady et sa soif de vengeance, qui annonce bien son personnage dans Vingt ans après, constituent un bon moment du roman.


Extrait du chapitre 23

"I hate you!" The boy flung himself at Athos, fists pounding any flesh they met. Dagger in hand, Athos reflexively raised the weapon. But he stopped inches from the boy's head.

"You killed her! You bastard!" A well-thrust heel to his ankle felled Athos to his knees. A fist boxed his right ear. The boy's voice echoed through the ringing pain. "You had no right!"

Animal grunts preceded each connection of fist to flesh. Some hits were but a tap, others hurt like hell. But Athos took them all without protest. He'd stolen the boy's mother. Now he must grant him his revenge.

Athos spread his arms wide, opening himself to the anger boiling in John de Winter's heart. He spread out his fingers. The dagger fell to the floor with a clink. A fist to his mouth opened a gash on his lower lip and he swallowed blood.

Yes, take it, he silently offered. Take your revenge. Beat back the pain. Spill open the suffering. Drain your soul of the hatred - if you can.

He wished he could close his arms around the boy, as he had Raoul, and whisper that everything was going to be all right. That his mother loved him and she was alive, waiting to hold him. To kiss him. To sooth away all that had been wrong and all that ever would be wrong.

A kick below his lungs doubled him over. He spat blood. Small boot soles connected with his back like hammers, jarring his ribs.

He wished things had been different. That Anne had not the cruel heart he'd known. That perhaps her son could have been protected from the truth. That had he known sooner of John's existence he could have done something. Offer him hope. Keep him from the destructive influence of Michel Clément and the Brotherhood.

"Athos!"

Did an angel's voice call to him?

Smoke dusted the room, making it difficult to see beyond arm's reach. His head was ringing so he must be hearing things. He lifted his head to see a small fist soar toward his wounded shoulder.

Pain engulfed him - of the emotional kind, far stronger than any physical pain that could ever be beaten, stabbed, or scratched into his flesh. Could he give his life to this angry child? Sacrifice himself to cleanse the boy's soul? Could he be sure it would?

Of a sudden John's cry filled the room. Crawling forward on his hands and knees, Athos lowered his gaze and spied legs near the wall. The boy knelt in the corner, his bloody fingers reaching for Athos's abandoned dagger as he choked and gasped against the thickening smoke.

A hand lifted Athos's chin. And he looked into an angel's tabby-satin eyes.

"You've paid your price," she said. "Let us be gone."

"I will never be forgiven."

"I forgive you." She bracketed his bruised and aching face between her palms. Smoke seeped down Athos's throat. "All that remains is you forgive yourself."

"I cannot."


 

 

 

 Sommaire  Tous les livres BD Expositions Musique Objets des mythes
Votre pastiche
Recherche