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Patrick McSpare: « Une aventure de d’Artagnan davantage inspirée de James Bond que des Trois mousquetaires »

 

Patrice Lesparre, qui écrit sous le nom de plume de Patrick McSpare, est l’auteur du roman D’Artagnan, agent secret du Roy. Il explique son approche consistant à bâtir une intrigue totalement fictive « à la James Bond » tout en partant du d’Artagnan historique plutôt que de celui de Dumas.
(interview recueillie le 17 mai 2023)


Dans votre roman D’Artagnan, agent secret du Roy, vous ne vous inspirez pas du d’Artagnan de Dumas mais plutôt du personnage historique, c’est bien cela?

Tout à fait. Il y a eu tellement d’adaptations de l’oeuvre de Dumas que cela ne m’aurait pas paru très intéressant de m’y mettre. Pour faire quoi? Il vient d’y avoir cette énième version cinématographique… (la sortie de Les trois mousquetaires - D’Artagnan en avril 2023, NDLR) Moi ce qui m’intéressait c’est le d’Artagnan historique, bien que l’on connaisse très peu de choses de sa jeunesse. L’angle qui m’a tout de suite interpellé, c’est son activité d’agent secret pour Mazarin. C’est à partir de là que j’ai eu envie de produire un récit complètement inédit. Je l’ai proposé à mon éditeur Bragelonne il y a deux ans parmi d’autres projets et ils ont retenu celui-là pour une sortie en 2023 parce qu’ils savaient qu’il y aurait la sortie des deux films cette année, ce que j’ignorais complètement à l’époque.

Vous dites partir du d’Artagnan historique. Mais dans votre roman, à part le fait même que d’Artagnan ait effectué des missions secrètes pour Mazarin, tout est inventé, n’est-ce pas?

Oui, l’intrigue est totalement inventée, mais certains personnages ont vraiment existé. C’est le cas de lady Dorothy Moore, même si j’ai pris la liberté d’en faire une espionne, ce qu’elle n’était pas. C’est une contemporaine de d’Artagnan, mais a priori ils ne se sont jamais croisés. Autrement, tout est inventé, en particulier le personnage du corsaire Killer Whale. Je suis parti du contexte de la Guerre de Trente ans. Donc, ce contexte historique est réel, certains personnages ont existé et à partir de là j’ai brodé une intrigue complètement fictive.

Du coup, la présentation « c’est un roman qui part du d’Artagnan historique » est un peu discutable, non? Dans ce que vous racontez, il n’y a rien qui se rapproche de près ou de loin de ce qu’a vécu le d’Artagnan historique…

Non, mais on ne sait pas vraiment. Ses missions secrètes le sont restées, on n’a pas de détails.

Quand on lit le roman, on se dit bien que tout ce qui concerne Killer Whale et les corsaires est de la pure fiction, mais on peut se demander si la partie qui porte sur la Conspiration des Importants comporte un fond de vérité. Sait-on si d’Artagnan y a joué un rôle quelconque?

Je ne pense pas. J’ai regardé, parce que j’avais envie d’utiliser cet élément historique intéressant mais je ne crois pas qu’il ait eu quoi que ce soit à voir avec cela. Encore une fois, c’est un contexte réel mais c’est moi qui ait inventé cette histoire.

Finalement, par rapport à une énième variation sur le thème du d’Artagnan de Dumas, ce que vous avez fait n’est pas complètement différent: on est dans l’imagination pure à partir de ce personnage devenu mythique de d’Artagnan.

Oui, mais le récit est différent. C’est une appropriation du personnage par mes soins comme d’autres ont dû le faire. Mis à part l’œuvre de Dumas, je n’en ai pas vu d’autres mettant en scène d’Artagnan. Chaque fois que je vois quelque chose, ça renvoie à l’œuvre de Dumas. Moi je ne voulais vraiment pas mettre en scène Athos, Porthos et Aramis puisque rien ne certifie qu’ils se connaissaient. J’ai juste fait un ou deux clins d’œil en faisant apparaître Planchet…

Je ne suis pas sûr de bien comprendre la différence entre votre approche et celle consistant à s’inspirer de l’œuvre de Dumas: dans tous les cas on est dans l’imagination pure autour du personnage de d’Artagnan…

Vous avez raison, il n’y a pas une approche fondamentalement différente. C’est une autre vision de ce personnage qui fascine tant de gens. C’est mon cas depuis l’enfance. Parce que d’Artagnan est devenu l’archétype du héros de cape et d’épées avec tout ce que cela comporte de bravoure et en même temps de légèreté. C’est ce qui différencie le cape et épées des westerns ou histoires de super-héros… Il y a plein d’action, un peu de légèreté, ça se finit généralement bien, ça virevolte de tous les côtés, c’est pétillant…

Ce qu’il y a aussi c’est que l’œuvre de Dumas est tellement écrasante! J’ai un peu hésité avant d’écrire mon roman, je me suis lancé parce que j’allais faire un récit complètement différent de celui de Dumas.

Vous ne vous êtes donc pas inspiré des romans de Dumas. En revanche, vous vous êtes appuyé sur la structure des James Bond, non?

En effet, c’est ça! Quand j’écris un roman historique chez mon éditeur Bragelonne - c’est mon troisième après un sur la période Charlemagne et un sur Richard Cœur de Lion - j’aime bien transposer un élément plus moderne dans le récit. Par jeu, par plaisir et aussi pour garder un certain dynamisme. Pour Charlemagne il y avait un serial killer, pour Richard Cœur de Lion c’était Suicide Squad. Auparavant, j’avais aussi écrit un roman sur Clovis et les Mérovingiens et là, c’était plutôt Mission impossible! Et donc pour d’Artagnan c’est James Bond. Je ne sais pas si tous les lecteurs en auront conscience…

En tout cas, de votre part c’est parfaitement conscient et délibéré?

Ah oui! C’est complètement assumé. C’est une manière de s’amuser un petit peu et de donner du rythme au récit.

On retrouve la James Bond girl, les scènes à grand spectacle, les voyages, le personnage de Q et ses gadgets…

Oui, pour les gadgets j’ai essayé de garder une once de crédibilité. Les couteaux pliants et les talons creux existaient à l’époque…

En revanche, la ceinture dans laquelle on cache suffisamment de haricots pour se nourrir pendant six jours, c’est moyennement crédible!

(rire) Oui, on dira que c’est une petite liberté d’auteur!

Est-ce le début d’une série?

A priori non mais il faudra voir en fonction des ventes. Si Bragelonne me propose de repartir sur d’Artagnan, je le ferai avec plaisir. D’autant que la période historique est riche avec la Guerre de Trente ans, la Fronde, il y a beaucoup de choses à raconter.

Propos recueillis par Patrick de Jacquelot

 

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