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D’Artagnan ne décolérait pas en
cette matinée de printemps 1640. Depuis quelques
jours, ça n’arrêtait pas: « c’est sans
conteste la meilleure lame de France! »,
disaient les prétendus amis du mousquetaire, dans
son dos par prudence mais assez près pour que
d’Artagnan les entende parfaitement. « Quel
courage! », bêlaient les précieuses
énamourées en dépit du profil ridicule de
l’intéressé. Et tout ça pour qui? Un certain Cyrano,
à peu près inconnu jusqu’ici, dont on disait qu’il
avait défait à lui tout seul cent hommes dans un
combat nocturne près de la Porte de Nesle. Cent
hommes! Et pourquoi pas toute l’armée du roi
d’Espagne, tant qu’on y était?
En plus, ce butor ridicule prétendait être gascon en ajoutant à son nom un « de Bergerac » alors qu’il était né à Paris et n’avait probablement jamais passé la Loire! Vraiment, tout cela était insupportable aux yeux de d’Artagnan dont personne jusqu’ici n’avait osé contester la qualité de premier escrimeur du royaume. En plus, il ne le connaissait même pas, ce Cyrano. Tout juste l’avait-il croisé la veille de ce prétendu combat homérique, lors d’un spectacle à l’Hôtel de Bourgogne. Le pire, c’est que d’Artagnan lui avait adressé un « c’est tout à fait très bien » à l’issue de son duel avec le vicomte de Valvert. Un compliment qui ne portait certes pas sur les capacités à l’épée de ce faquin - battre un petit jeune homme à dentelles et rubans qui ne tirait son arme qu’à l’exercice pour faire le beau devant les dames, le bel exploit! - mais sur son habileté à improviser des vers en se battant. Là, d’Artagnan devait bien avouer que le faux Gascon avait un certain avantage sur lui dont les lettres n’avaient jamais été le fort… Bon, énervement justifié mis à part, peut-être cela vaudrait-il la peine de connaître un peu mieux ce Cyrano avant de l’expédier ad patres pour son outrecuidance? Impossible à Paris où les jaloux, les aigris et autres parasites rendraient inévitable un affrontement meurtrier. Mais pourquoi ne pas l’inviter à Lupiac, village natal du mousquetaire? Ce serait l’occasion de montrer à ce Gascon de pacotille en quoi consiste la plus belle région de France! Lui faire découvrir le confit de canard et le fromage de brebis des Pyrénées. Lui montrer comment les Gascons savent vivre, comment un village comme Lupiac sait faire la fête. Et puis un tel voyage pourrait offrir l’occasion de quelque altercation qui permettrait enfin de distinguer le meilleur bretteur des deux. Ou celle de devenir amis, d’ailleurs. Ou encore, qui sait, les deux à la fois? Patrick de Jacquelot Voir la page sur le Festival 2024 et celle sur l'exposition Cyrano d’Artagnan et la conférence. |
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