Sur les pas de Bouton d’Or Mousquetaire de Richelieu
Coline Dupuy Eloïse Scherrer (illustrations)
118 pages Puy du Fou Editions - 2017 - France Roman
Intérêt: 0
Ce petit livre est un « produit dérivé » des
spectacles du Puy du Fou, le parc d’attractions situé en
Vendée. Le but des livres de cette collection, est-il
expliqué au dos, est de permettre de « revivre
et découvrir l’Histoire de France à travers l’histoire
intégrale des héros des spectacles du Puy du Fou ».
Destiné aux enfants à
partir de dix ans, ce volume joliment présenté et
illustré raconte l’histoire d’un enfant orphelin
trouvé et adopté par des religieuses qui lui donnent le
nom de Bouton d’Or. Le jeune garçon est élevé dans ce
couvent, où il reçoit les livres de dévotion écrits par
le père Joseph, l’âme damnée de Richelieu (qui n’est pas
présenté en ces termes…). A l’adolescence, Bouton d’Or
quitte le couvent et devient palefrenier dans le domaine
du Puy du Fou où il apprend l’escrime.
Une affaire de duel l’oblige à fuir en Espagne. Sur le
chemin de l’exil, il fait par hasard la connaissance de
d’Artagnan. Arrivé en Espagne, il se joint à une troupe
de gitans et tombe amoureux de la danseuse Séraphina.
Des années plus tard, il revient en France, déguisé pour
ne pas être reconnu, parce que la Séraphina veut jouer
dans le Cid de Corneille.
Les deux se retrouvent dans le domaine du Puy du Fou où
l’on joue la pièce. Richelieu, le roi et la reine venant
assister à la représentation, leur entourage arrive sur
les lieux, dont d’Artagnan, les trois autres
mousquetaires et Cyrano de Bergerac. Bouton d’Or
retrouve d’Artagnan et fait la connaissance des quatre
autres soldats. La belle Séraphina se fait enlever, les
nouveaux amis, menés par Bouton d’Or, la libèrent, et ce
dernier, en récompense de sa vaillance, entre chez les
mousquetaires de Richelieu.
L’action se déplace alors vers les plus hautes sphères
du Royaume puisque l’on aborde les intrigues de la reine
Anne d’Autriche avec l’Espagne et les graves questions
que pose l’absence d’enfant de la reine pour l’avenir du
pays. Bouton d’or se trouve amené à porter au père
Joseph le message d’une religieuse mystique recommandant
de placer le royaume sous la protection de la Vierge
Marie. Louis XIII s’exécute, consacre la France à la
Sainte Vierge et tout s’arrange: la reine donne
naissance au futur Louis XIV et Bouton d’Or épouse
Séraphina (il était temps, on aurait presque pu croire
que les deux jeunes gens entretenaient des relations que
la morale et la religion réprouvent).
L’histoire, on le voit,
est assez bateau. On peut supposer que sa trame très
simple correspond au fait qu’il s’agit d’un support à un
spectacle se prêtant à de multiples cavalcades et
acrobaties équestres. La vraie originalité du livre
tient à l’omniprésence des thèmes religieux. Très
pédagogique, le volume comprend plein de notes de bas de
page pour expliquer les mots inhabituels et anciens
comme « palefrenier », « maître
d’armes », « fleuret ». Mais plein de
termes religieux sont également détaillés comme
« rosaire », « dominicaine »,
« mère supérieure » et bien d’autres. Ce petit
roman pour enfants repose en fait sur une présentation
au premier degré de la vision de l’Histoire du
catholicisme traditionaliste: on y apprend que les
séraphins sont « les anges les plus proches de
l’amour divin » et que « les
révélations et prophéties reçues du Christ et de la
Vierge Marie pour le roi et le cardinal » par
la mystique Anne de Goulaine ont joué un rôle décisif
auprès de Louis XIII et Richelieu.
D’Artagnan au premier chef, mais aussi les trois
mousquetaires et Cyrano, sont très présents. Ce sont les
meilleurs amis de Bouton d’Or et leurs interventions
doivent permettre, on le suppose, des séquences de cape
et d’épée dans le spectacle du parc d’attractions.
Extrait du chapitre VI Les Mousquetaires
Le vent et la pluie faisaient claquer un volet décroché
et s'engouffraient sous les lucarnes chargées de toiles
d'araignées. Vers le milieu de la nuit, entre les
bourrasques et le tonnerre, il lui sembla percevoir tout
à coup des claquements de sabots. Un vacarme dans les
stalles de l'écurie sous le grenier lui confirma cette
impression. Plusieurs cavaliers semblaient y engouffrer
leurs montures. Pour ne pas éveiller leur attention,
Bouton d'or ne bougea pas.
Au bout de quelques minutes, le bruit du rez-de-chaussée
cessa. Mais quelqu'un commença à escalader l'échelle du
grenier. Puis, une voix s éleva au seuil du plancher :
« Diantre, on n'y voit rien dans cet antre ! Avez-vous
un briquet ou une bougie pour éclairer la nuit ?
- Un briquet dans cette poussière, vous voulez mettre le
feu, Cyrano !
- Ah, ah ! rit l'homme à l'entrée du grenier. Je ne
crains pas plus le feu, morbleu, que le fer... Vous me
connaissez, mon cher.
- Oui, enfin montez, nous verrons bien ! Vous n'avez pas
peur du noir, au moins ?
- Ah si, des chats noirs, d'Artagnan... Non, je ris.
Mais nous avons les éclairs pour nous éclairer, j'avais
oublié les éclairs !
- Parfait, ça suffit aux mousquetaires. À présent,
montons. »
Surpris d'être rejoint par de véritables mousquetaires
dont le langage truculent ne trompait pas, Bouton d'or
attendit lui aussi le prochain éclair pour se laisser
découvrir et se présenter.
« Par tous les saints, il y a un cadavre ou un fantôme
ici ! » s'exclama le premier homme en distinguant à
l'instant fatidique une forme humaine étendue contre des
bottes de foin.
- Où ça ? répondit le second.
- Ici, répondit Bouton d'or. Mais je vous rassure, je ne
suis pas un revenant... Je suis un pauvre bossu qui suit
la troupe du Marais.
- Ah ! Hé bien enchanté, Monsieur ! Vous ne verrez pas
mon nez, mais souffrez que cette nuit, nous vous tenions
compagnie. Je m'appelle Cyrano de Bergerac. Trois, ou
plutôt quatre mousquetaires me suivent. Enfin, inutile
que je les trouve…
- Oui, oui, dormons si vous voulez bien, les
présentations seront plus concluantes au grand jour,
grommela une voix rocailleuse.
- C'est vous, Athos?
- Non, c'est Porthos ! Vous ne reconnaissez pas ma
grosse voix, d'Artagnan ?
- Pardonnez-moi, mon oreille est un peu assourdi par
l'orage. Aramis est-il déjà monté ?
- Oui, nous sommes là tous les trois. Il y a un bon
matelas de foin par là. Dormez bien !
|