Sommaire  Tous les livres BD Expositions Musique Objets des mythes
Votre pastiche

Recherche

Quand Dumas rencontre Freud - Episode 2: Naples

Jean-Michel Assan

164 pages
Autoédition - 2024 - France
Roman

Intérêt: **

 



On ne change pas une formule qui gagne: un an après avoir écrit Quand Dumas rencontre Freud, Jean-Michel Assan publie Quand Dumas rencontre Freud - Épisode 2: Naples. A cette occasion, le titre du premier volume est modifié pour devenir Quand Dumas rencontre Freud - Épisode 1: Vienne. Le principe reste exactement le même que dans le premier tome: Assan, sous sa double casquette de psychanalyste et de passionné de Dumas, décrit une nouvelle rencontre entre les deux hommes. Rencontre parfaitement imaginaire, bien entendu, Dumas et Freud n’étant pas contemporains.

Dans le premier épisode, les deux célébrités faisaient connaissance à Vienne chez le fondateur de la psychanalyse avant de faire une petit voyage ensemble jusqu’à Rome. Dans le second épisode, on voit Dumas inviter Freud à le rejoindre à Naples, à l’époque où l’écrivain y a réellement résidé lorsqu’il accompagnait Garibaldi.

Tout heureux de faire profiter son grand ami Freud de ce séjour enchanteur - Garibaldi a mis à sa disposition un merveilleux petit palais jouissant d’une vue imprenable sur la baie de Naples - Dumas le reçoit chaleureusement. Freud est accompagné par sa belle-sœur Minna Bernays, tandis que Dumas a autour de lui tout son petit monde: sa fort jeune maîtresse Émilie Cordier, son domestique Vazili ramené de son voyage au Caucase, son collaborateur Adolphe Goujon avec qui il publie le quotidien L’Indipendente.

Au fil des pages, le lecteur assiste aux conversations entre les deux grands hommes: tout y passe, de la littérature à la psychanalyse, en passant par la montée des tensions politiques en Europe qui les inquiète fort tous les deux. Ils discutent également de leur passion commune pour l’antiquité romaine, qui les amène évidemment à visiter Pompéi. Chaleureuses, ces conversations témoignent de la grande complicité qui s’est instaurée entre eux et qui les pousse aux confidences intimes (voir extrait ci-dessous).


Utilisant exactement les mêmes procédés que dans son premier volume, Jean-Michel Assan réussit de nouveau cette combinaison originale de pure fantaisie et d’érudition. Pure fantaisie: bouleversant complètement la chronologie historique, il nous montre Freud et Dumas discuter de la montée du nazisme (!). Érudition: le texte fourmille d’informations factuelles sur la vie des deux hommes, leurs idées, leurs œuvres, et tout particulièrement sur le séjour de Dumas à Naples. Des informations qui sont fréquemment étayées par des notes de bas de page. Le mélange des deux prend si bien, d’ailleurs, que l’auteur consacre une quarantaine de pages en fin de volume à « démêler le vrai du faux », histoire de ne pas laisser le lecteur sur des impressions complètement erronées.

Très original, ce texte écrit comme une sorte de « roman dialogué » ne peut que séduire tous ceux qui ont aimé le tome 1, qu’il est fortement conseillé de lire en premier.

Quand Dumas rencontre Freud - Épisode 2: Naples
sur Amazon


Extrait de la scène 7 - Premières confidences

Freud - Vous-même, vous évoluez dans un métier et un milieu social bien différent du mien, le milieu du théâtre, des artistes, des comédiens, et notamment des comédiennes, des chanteuses. Les règles du jeu n'y sont pas les mêmes que dans le domaine médical. Étant donné vos succès théâtraux et littéraires, vous devez j'imagine avoir été souvent sollicité, par des comédiennes par exemple, plus ou moins jeunes et séduisantes, n'est-ce pas ?

Dumas - Ce n'est pas difficile à deviner, Professeur. En effet, mes succès en amour ont immédiatement suivi mes succès au théâtre, et j'avoue que je me sens bien incapable de m'en priver. Avec l'âge, j'arrive à me raisonner un peu, à me limiter, et toutes ces jeunes filles qui veulent faire carrière, devenir des comédiennes réputées, qui m'apportent des pièces à relire - C'est à dire en fait à refaire entièrement - Je les adresse maintenant à des amis ou des collègues. J'ai peut-être plus de scrupules à exploiter ces situations que je n'en avais dans la fleur de la jeunesse. Il est vrai que j'ai le choix, je n'ai pas à faire trop d'effort pour séduire. Il est étrange que dès qu'on devient célèbre, qu'on soit beau ou non, les femmes vous tombent dans les bras! Vous avez sûrement entendu parler, par les journaux, de mes aventures amoureuses successives. Mais vous savez bien, Professeur, que les journaux exagèrent toujours ces choses-là, parce que les journalistes à scandale n'ont qu'une obsession: faire vendre du papier, en excitant leurs lecteurs, et leurs lectrices, sur les frasques supposées des personnalités en vue ! C'est vrai que j'ai eu des aventures, mais pas autant qu'on le dit. Et puis vous êtes bien placé pour le comprendre, Professeur, j'aime les femmes, et j'aime surtout l'amour. J'en ai besoin comme d'un carburant, comme une locomotive à vapeur a besoin de charbon pour faire tourner ses essieux: c'est pour moi vital. J'ai besoin de me sentir aimé, et j'ai besoin d'aimer ! Or les liaisons, à la longue, finissent par se faner, et cela me donne des sentiments terrifiants, comme de vieillir, de n'être plus bon à rien, de m'ennuyer, et même d'être mort avant l'heure. Vous comprenez pourquoi je parle de carburant, Professeur ?

Freud - Bien entendu que je vous comprends mon cher Dumas, vous êtes comme cela: vous débordez de pulsions de vie, que ce soit sur le plan des sentiments, de la sexualité, ou du travail, de l'imagination, et de la création littéraire. Vous êtes une force de la nature, un ogre de la vie, et je vous en admire et vous envie sûrement, comme beaucoup d'hommes doivent vous envier. Votre maîtresse Émilie, par exemple, c'est une très charmante jeune femme, comme je vous comprends! Je suis maintenant un vieil homme bien malade et usé par la vie, mais toujours sensible, et sûrement même plus sensible que par le passé, à ces émotions, à cette sensualité, à ce flux vivifiant de l'amour et de la beauté.

Dumas - Nous nous comprenons plus que je ne l'aurais cru Professeur. Je m'attendais à ce que vous me fassiez la morale, comme le fait par exemple mon fils Alex, depuis qu'il est devenu célèbre lui aussi. Enfin, il faut dire qu'il en a bien profité dans sa première jeunesse, et ce n'est pas moi qui l'en aurais dissuadé. Mais maintenant il est devenu moraliste, il mène une vie austère et il est un reproche vivant pour son père, avec toute l'affection que j'ai pour lui. Il ne manque pas une occasion de me réfréner dans mes passions. Mais je m'égare... votre écoute est si attentive qu'on se laisserait facilement aller à vous raconter sa vie, Professeur, je comprends vos patients... Je disais donc que nous nous comprenons bien plus que je ne l'aurais cru.

Freud - Oui, mais nous n'avons pas la même nature, ni la même éducation, comme je vous l'expliquais. Je crois que j'aurais été bien incapable de me laisser porter, comme vous le faites, par mes passions, et je ne me vanterais pas de cette sorte de restriction. Ce n'est pas une forme de lâcheté, comme on pourrait le croire, c'est aussi que je n'avais pas votre énergie, votre avidité de vie, et je me serais trop vite brûlé les ailes à ce feu des passions si je m'y étais livré tout entier. Vous, Dumas, vous avez tant de force, tant d'énergie, qu'il vous en reste toujours pour travailler, pour écrire, cela semble être une source intarissable. J'ai bien remarqué que vous écrivez la nuit, à la lumière des bougies, quand toute la maison est tranquille, quand les autres dorment. Vous n'êtes donc jamais fatigué ?

 

 Sommaire  Tous les livres BD Expositions Musique Objets des mythes
Votre pastiche

Recherche