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Au plus élevé trône du monde…
Publiée initialement en 2009 dans l’anthologie Rois et Capitaines des Editions Mnémos, cette nouvelle a ensuite été reprise dans le recueil Johan Heliot vous présente ses hommages. On y assiste à l’une des rencontres entre d’Artagnan et Cyrano de Bergerac les plus « fantaisistes » (au sens de la fantasy) qui soit. Alors que de nombreux livres mettent face à face les deux hommes d’épée dans le monde « réel » (voir encadré ci-dessous), là c’est sur la Lune qu’ils se retrouvent – autant dire chez Cyrano. C’est en effet là que d’Artagnan se réveille après avoir été tué d’une balle hollandaise à la bataille de Maastricht. Il y est accueilli par son vieil ami qui lui fait visiter le monde lunaire : un univers de rochers totalement désolés sur lequel se dresse une ville fantastique, Sélénopolis, peuplée de morts de toutes époques et origines. Cyrano demande à d’Artagnan son aide pour empêcher le Roi de la Lune d’envahir la Terre. Le stratagème qu’il a imaginé amènera d’Artagnan à proposer au souverain lunaire un vrai marché de dupe, qui ajoutera encore à la liste des hypothèses sur l’identité de l’homme au masque de fer… Auparavant, il lui faudra se battre en duel (dans la gravité lunaire) avec Athos, qui l’a précédé de longue date sur l’astre lunaire. Pour écrire cet amusant conte, Heliot s’est inspiré, dit-il dans une brève présentation, davantage des films de cape et d’épée tirés des romans de Dumas (ou Zévaco) que de la lecture de ces auteurs. On trouve cependant des hommages à Dumas dans diverses œuvres de ce prolifique écrivain. C’est notamment le cas dans sa remarquable trilogie Grand Siècle. Cette uchronie se déroule dans la France de Louis XIV bouleversée par l’irruption de technologies extraterrestres. A cet égard, elle n’est pas sans rappeler une autre trilogie, Le Simulacre, de Jean-Luc Marcastel. Mais, alors que cette dernière est intégralement nourrie par Les trois mousquetaires, Grand Siècle se limite malheureusement (du point de vue de pastichesdumas) à quelques clins d’œil. Outre des apparitions fugitives et sans lendemain de Porthos ou de l’homme au masque de fer (encore lui), il y a surtout une scène spectaculaire décrivant la mort de d’Artagnan dans des circonstances bien différentes de sa mort réelle à Maastricht ! La faible présence des références dumasiennes directes dans Grand Siècle ne doit cependant pas empêcher de lire cet excellent roman plein de trouvailles et de personnages étonnants.
Merci à Mihai-Bogdan Ciuca de m’avoir signalé ce livre.
S'éveillant, Charles de Batz-Castelmore fut étonné de ne pas être mort. Il se souvenait pourtant qu'on l'avait tué tout net. Une balle hollandaise lui avait percé le front devant les murailles de Maastricht, alors qu'il s'apprêtait à donner l'assaut — un de plus, le dernier. Le capitaine-lieutenant des Mousquetaires du Roi n'avait pas le moindre doute sur l'effet immédiat et, le croyait-il jusqu'à cet instant, irrémédiable, de la mesure de plomb chaud présentement logée sous son crâne, dans la masse grise et spongieuse où se tenait tapie sa conscience s'il en fallait croire monsieur Descartes, dont il avait fréquenté les écrits à ses (rares) temps perdus. Conséquemment, le comte d'Artagnan s'écria : « Je pense que je ne suis plus ! - Une erreur légitime, car c'était encore la vérité il y a peu », lui répondit une voix qu'il connaissait bien. Accommodant (l'obscurité régnait), Charles de Batz-Castelmore distingua un visage penché au-dessus du sien. « Vous ? s'étonna-t-il. Savinien ? - Moi, confirma Cyrano. Pour vous servir, mon vieil ami. - N'êtes-vous pas passé vous-même dans l'autre monde, il y a dix-sept années déjà ? - Si fait. Et me voici, vingt ans après, ou peu s'en faut... - Je dois rêver. » Savinien de Cyrano secoua le menton. Pointant l'index, il désigna un point situé au milieu du front de d'Artagnan. « Cette balle vous a bien tué. Croyez que je le regrette. - Je vous en sais gré, mais vous n'y êtes pour rien. - Moi non. Toutefois, il a bien fallu guider la main du tireur embusqué en haut de son rempart. » Charles de Batz-Castelmore fronça le sourcil, qu'il avait autant fleuri que la tignasse et les moustaches. « En somme, dit-il, on ne m'a pas ôté la vie par hasard. Mais qui, comment et pourquoi ? - Je me ferai une joie de vous éclairer, mon ami. Plutôt qu'à de longs discours, je vous invite à une courte promenade. Vous y trouverez votre content de réponses. » |
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