Poème d’Aramis*
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1 pages Le Tintamarre - 1845 - France Poème
Intérêt: *
Note: le titre est de nous, le poème n’en comportant
pas
Ce texte est de loin le plus court de la multitude de
suites, pastiches et autres plagiats traités sur
pastichesdumas: il est composé en tout et pour tout de
vingt-quatre syllabes… Pourquoi retenir une œuvre aussi
microscopique? En raison de son rapport très particulier
avec Les trois mousquetaires.
Dans le chapitre XXVIII
du roman, d’Artagnan, après avoir rapporté à la reine
Anne d’Autriche les ferrets de diamants qu’il était allé
récupérer à Londres, part à la recherche de ses amis.
Après avoir convaincu Aramis de renoncer à entrer dans
les ordres et être allé retrouver Athos, ce dernier et
d’Artagnan reviennent à l’auberge où est installé Aramis
pour le prendre au passage. Aramis leur explique qu’il
s’est trouvé une nouvelle occupation: « j'ai
commencé un poème en vers d'une syllabe; c'est assez
difficile, mais le mérite en toutes choses est dans la
difficulté. La matière est galante; je vous lirai le
premier chant, il a quatre cents vers et dure une
minute. »
De ce poème pour le moins original, Dumas ne donne pas
le moindre extrait. Il n’en sera d’ailleurs plus jamais
question sauf quand Aramis prétend faussement plus tard
que c’est l’argent versé par un libraire pour publier
cette œuvre qui lui a permis d’acheter son équipement
pour la guerre (un mensonge qui sert à dissimuler le
fait que c’est sa maîtresse qui l’a financé).
C’est donc ce poème
aussi mystérieux que monosyllabique que le journal Le
Tintamarre dans son numéro du 2 mars 1845 prétend
avoir retrouvé. Il en donne à ses lecteurs un
« faible extrait » (de vingt-quatre syllabes,
donc), tout en affirmant plaisamment que Dumas en eût
tiré un volume entier.
L’intérêt littéraire de ces quelques mots est évidemment
des plus réduit. Mais le clin d’œil à la supposée œuvre
d’Aramis mérite d’être souligné. Beaucoup plus tard, en
2018, un auteur français, Norbert-Bertrand Barbe, ira
nettement plus loin que Le Tintamarre en
publiant un volume entier de Poèmes
monosyllabiques, ou les poèmes d’Aramis. Une
tentative héroïque au succès incertain…
Merci à Mihai-Bogdan
Ciuca de m’avoir signalé ce texte.
Texte intégral
ALBUM DU TINTAMARRE
Nous découvrons dans notre collection l’autographe
suivant, véritable joyau avec lequel l’auteur des Trois
Mousquetaires aurait fait au moins un neuvième
volume, mais qu’il a cherché vainement à la bibliothèque
royale lorsqu’il compulsait les manuscrits du temps du
grand roi, pour réunir les matériaux nécessaires à la
manipulation du susdit roman ; c’est le poème inédit en
vers d’une syllabe composé par Aramis, poème qui a
rapporté nombre de pistoles à ce Mousquetaire.
Espérant la même aubaine, nous ne livrerons au public
qu’un faible extrait de ce curieux ouvrage ; spécimen
alléchant, qui nous garantira d’avance le succès de
l’édition que nous allons préparer.
Ma
Lise,
La
Brise
T’en-
Traîne,
Ma
Reine.
Ta
Belle
Na-
Celle
S’él-
Ance
De
l’Ance*.
Au
Môle,
Oh !
Vole,
Rat
Tendre,
M’at-
Tendre !
.....
* Le Tintamarre écrit « Ance »: il
semblerait plus logique que ce soit « Anse »
pour coller au thème vaguement nautique du poème.
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