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La protégée de d’Artagnan

Gabriel Fersen
Etienne Le Rallic (illustrateur)

32 pages
Editions SAETL - 1945 - France
Nouvelle

Intérêt: 0

 

Ce mince album est consacré à une nouvelle mettant en scène les mousquetaires, abondamment illustrée. Des dessins en noir et blanc ou en couleurs, alternativement, occupent en effet la moitié environ de chaque page. En outre, deux grandes illustrations sur double page complètent le volume.

Cette abondance d'images est d'autant mieux venue que l'histoire est d'une rare indigence. Un soir de Noël, les quatre mousquetaires trouvent un bébé abandonné dans la rue. Ils baptisent la petite fille Noëlle et la mettent en nourrice. Seize ans plus tard, des hommes de main s'en prennent à la belle jeune fille qu'elle est devenue. D'Artagnan intervient et tue leur chef en duel. Noëlle retrouve sa mère par hasard et l'histoire s'arrête là, sans même que l'on apprenne qui étaient les parents de Noëlle, pourquoi elle a été abandonnée et qui était son ennemi...

Heureusement, donc, que les illustrations de Le Rallic sont là. Pleines de finesse et de mouvement, elles font de La protégée de d'Artagnan un album empli de charme.

Une version nettement plus longue a été publiée en 1951 dans le quotidien Paris-Dakar. L'histoire n'est pas vraiment mieux et il n'y a pas d'illustrations...

 Voir l'arbre généalogique de d'Artagnan


Extrait

Plus nombreux que de coutume, ce soir-là, les clients se pressaient dans l'auberge à l'enseigne du "Chapon doré". C'était là un établissement renommé qui jouissait, dans le quartier de Saint-Germain-l'Auxerrois, d'une solide réputation. On y faisait bonne chère et les vins y étaient fameux. Parmi les habitués, ceux qui, régulièrement, venaient à la tombée du jour vider des gobelets de vin d'Anjou en discourant à haute voix, en chantant à pleine gorge, se trouvaient quatre solides gaillards portant l'uniforme des Mousquetaires. Ces joyeux convives étaient les favoris de l'aubergiste, bien que leurs bourses fussent plutôt dégarnies. Ils bénéficiaient d'un large crédit et lorsque Maître Claude se faisait prier, les quatre Mousquetaires parvenaient à le faire changer d'avis en prenant des airs menaçants, à la grande joie des autres clients.

Ces quatre Mousquetaires étaient célèbres, non seulement dans le quartier, mais aussi dans Paris. On contait leurs exploits dans les salons du Louvre et jusque dans les châteaux les plus reculés de la province. Ils avaient nom Athos, Porthos, Aramis et d'Artagnan.

Ce soir-là, les quatre amis se trouvaient assis autour d'une table recouverte de victuailles fort appétissantes. Porthos mettait les bouchées doubles tandis que ses compagnons se contaient les derniers potins de la Cour.

Sur une estrade un violoneux raclait son instrument et jouait des airs entraînants. Dans l'âtre, des quartiers de venaison tournaient à la broche, arrosés, de temps à autre, par deux jeunes marmitons chargés également de surveiller la cuisson des poulets qui, lentement, rôtissaient. Maître Claude se montrait empressé et allait d'une table à l'autre, s'enquérant des désirs de chacun et stimulant l'ardeur des servantes en frappant dans ses mains.

Que diriez-vous d'une tranche de chevreuil, monsieur Porthos? A moins que vous ne préfériez du sanglier. J'ai également quelques cailles et des alouettes.

L'interpellé roulait des yeux étonnés. Il demeurait indécis. S'il s'écoutait, il commanderait le menu tout entier.

- Oh! là, aubergiste du diable! lança d'Artagnan, veux-tu que je te passe ma rapière au travers du corps?

Maître Claude s'avançait tout penaud, tel un chien battu.

- Qu'y a-t-il, Votre Honneur?

- Il y a que j'ai la gorge terriblement sèche. Qu'as-tu à nous offrir?


 

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