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Les trois hussards

François Cérésa

418 pages
Plon - 1999 - France
Roman

Intérêt: *

 

Note: ce livre est classé à la fois dans la catégorie "suite des Trois mousquetaires" et dans celle "Dumas, héros de roman". Sa fiche peut donc apparaître deux fois dans les listes de recherche.

Aventures d'Alexandre Dumas lui-même, en 1823, tout juste arrivé à Paris. Mêlé par hasard à une tentative d'enlèvement, il rencontre un lieutenant de hussards, Antoine Dupuy, qui est son sosie parfait. Il le remplace et vice versa (personne ni d'un côté ni de l'autre ne s'en rend compte, pas même Laure Labay!) et part en Espagne où l'armée de la Restauration va lutter contre les libéraux. Aventures, complots, trésor, trahisons...

Chez les hussards, Alexandre Dumas rencontre les amis d'Antoine Dupuy, trois hussards modelés sur les trois mousquetaires.

Au total, l'histoire veut être celle d'une grande initiation, où Dumas aurait découvert l'aventure, la trahison, l'amitié, l'amour, etc... Ce qui lui inspirerait son oeuvre future.

Quelques scènes nourries de la vie de Dumas. Par exemple: scène de Dumas employé avec le Duc d'Orléans, rencontre avec d'anciens compagnons d'armes du général Dumas, "invention" du bifteck d'ours...

Mais Dumas n'est pas crédible. Ecriture prétentieuse, pleine d'aphorismes ronflants. Intrigue confuse. Long et plutôt ennuyeux. Finalement, tentative d'exploitation de la vogue Dumas, sans réelle invention.

Prière d'insérer: "François Cérésa renoue ici avec la grande tradition du roman de cape et d'épée (...) jusqu'au dénouement, digne des meilleures intrigues d'Alexandre Dumas"...

Le même auteur a écrit, sous le pseudonyme de Jules Magret, un autre livre beaucoup plus réussi: L'effroi mousquetaire, roman de cape et d'épées très dumasien, qui présente la particularité d'être écrit en argot.

Extrait

Quand Alexandre vit à la lumière le visage de la jeune femme et celui du cavalier blessé, il fut doublement étonné. La jeune femme était celle qu'il avait rencontrée rue Saint-Denis, et le cavalier blessé lui ressemblait comme deux gouttes d'eau. Son portrait tout craché. Un jumeau. Un autre Alexandre.

- Pourquoi ne m'avez-vous pas dit que c'était votre frère? glissa la jeune femme à l'oreille d'Alexandre.

Alexandre restait interdit. Qui était donc ce double? Même chevelure noire et épaisse, mêmes yeux couleur d'azur, même stature d'athlète aux épaules larges et aux attaches fines.

Alexandre se frotta les yeux.

- Vous ne m'en avez pas laissé le temps, répondit-il à la jeune femme.

Il nota au passage que le blessé, à l'inverse de lui, portait une fine moustache, un peu comme son père, le regretté général Dumas. A ce détail près, les deux hommes étaient en tout point identiques. Une saisissante ressemblance qui n'avait pas échappé non plus au blessé qui, à deux reprises, avait levé la main en direction d'Alexandre, au ralenti, d'un air incrédule, comme pour retracer les contours d'un visage qu'il croyait être sien et unique. Allongé sur une bergère, les pieds dans le vide, en chemise, ventre découvert, il ne prêtait même plus attention à la jeune femme qui avait entrepris de nettoyer sa blessure.

- Impressionnant mais sans gravité, dit-elle.

Elle s'était munie d'eau vinaigrée, de charpie et d'un baume au pouvoir cicatrisant.

- Vous vous en tirerez, ajouta-t-elle. Mais vous ne pourrez pas monter à cheval pendant au moins un mois.

Le blessé parut catastrophé.

- Qui... êtes-vous? balbutia-t-il à l'adresse d'Alexandre.

- Vous, répondit Alexandre en s'efforçant de sourire.

Ils avaient aussi la même voix, le même timbre. Alexandre demeurait debout, décontenancé, soutenant le regard éberlué de cet incroyable sosie.

- Monsieur, mon nom est Alexandre Davy de La Pailleterie, dit Alexandre qui, on ne sait par quelle prudente coquetterie, ne déclina pas sa véritable identité.

Le mensonge ne lui était pas étranger, car cet art de rêver tout éveillé lui avait permis à maintes reprises d'éviter bien des désagréments. La jeune femme blonde, elle, n'en avait cure. Elle achevait de panser le blessé.

- Moi, c'est Aurore, dit-elle en relevant les sourcils.

Son ton était courroucé. Il y avait de quoi. Depuis le début, on ne s'était même pas intéressé à elle. Alexandre fit aussitôt amende honorable. Il lui décocha un de ces sourires qui avaient fait de lui l'un des séducteurs les plus en vue de Villers-Cotterêts.

- Permettez-moi de vous présenter mes plus plates excuses, mademoiselle. Vous illuminez cette pièce. Sans vous, nous serions en fâcheuse posture.

Il prit la main d'Aurore et lui déposa un baiser à la saignée du bras. La délicatesse et les formes de la jeune femme ne lui avaient pas échappé. Il appréciait son corsage bien rempli, ses mains faites pour donner. Il aimait les femmes à la poitrine hardie, à la hanche cambrée, à la mine ardente. Celle-ci ne déparait point. Vêtue d'une robe en gros de Naples à pèlerine et garnitures semblables, dans un joli dégradé de noir et de mauve, elle avait le pied fin, la nuque fragile, la taille serrée. Des boucles encadraient son visage d'odalisque peinte par Ingres. Ses cheveux aux reflets cendrés étaient chargés de peignes et de rubans. Son regard, lui, ne trompait pas. Vif et spirituel. La détermination même.

Alexandre tourna son regard vers le blessé. Celui-ci s'était redressé et grimaçait légèrement. Il s'interrogeait encore à propos d'Alexandre. Qui pouvait être cette parfaite imitation de lui-même?

- D'où venez-vous? murmura-t-il en enfouissant la tête dans ses mains. Et pourquoi m'avez-vous sauvé?

Aristocrate par son grand-père, bourgeois par sa mère, peuple par nécessité, Alexandre eut envie de répondre qu'il ne venait de nulle part. En jonglant avec l'imagination, il avait aussi le sentiment d'être partout. Une lumineuse ubiquité.

Il lui tendit la main et dit:

- En vous prêtant main-forte, j'ai fait ce que tout gentilhomme digne de ce nom se doit de faire. Sachez tout de même que je ne suis ni notable ni militaire, et que j'officie au service du duc d'Orléans, dans les bureaux du Palais-Royal.

Le blessé serra la main que lui tendait Alexandre.

- Je ne voulais pas vous offenser, dit-il d'un air désolé. Veuillez pardonner l'outrecuidance de ma question. Je suis votre obligé, monsieur Davy de La Pailleterie. Permettez-moi de me présenter à mon tour: Antoine Dupuy de Mailly.

La jeune femme posa des linges dans un broc et leva les yeux au ciel.

- Comme c'est touchant, toutes ces civilités!

Les deux hommes se regardèrent et échangèrent un sourire.


 

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