Monte Cristo, Jr or The Diamonds of the Borgias
Howard Austin
26 pages Pluck and Luck - 1908 - États-Unis Roman
Intérêt: 0
Ce « dime novel » est paru le 11 novembre 1908
dans le n°545 de Pluck and Luck. Cette collection
de fascicules en a publié au moins quatre titrés sur les
aventures de « jeunes Monte-Cristo », répondant
ainsi aux attentes de ses lecteurs adolescents rêvant de
devenir très riches un jour…
Deux
de ces dime novels Pluck and Luck sont dûs à la
plume du regretté Howard Austin, un immense auteur comme
on va le voir. Par rapport aux autres fascicules
s’inspirant de Monte-Cristo, Monte Cristo Jr
or The Diamonds of the Borgias présente une
particularité: c’est sans doute celui qui plagie le plus
directement et « fidèlement » si l’on ose dire
le roman de Dumas.
Qu’on en juge. L’Edmond Dantès de ce petit roman est
un jeune marin de Toulon (oui Toulon, pas Marseille,
on voit tout de suite l’habileté que déploie l’auteur pour
éviter les accusations de plagiat). Ce Conrad Picardo est
fiancé à une jeune voisine, Pauline, qu’il aime et espère
bientôt épouser. Il fait la connaissance d’une jeune
femme, Celia, qui est la fille d’un vieil homme enfermé
dans la prison qui domine la baie de Toulon. Cet homme est
le descendant des Borgia, grande et richissime famille
italienne. Il a été emprisonné sur une fausse accusation
de complot contre Napoléon III. Conrad promet à la fille
de l’aider à délivrer son père si c’est possible. Mais un
voisin jaloux, qui convoite lui aussi Pauline, le dénonce.
Le jeune homme est arrêté et enfermé au secret en tant que
prisonnier politique. Il se retrouve dans la cellule
voisine de Borgia. Les deux hommes creusent un passage
entre leurs cellules et élaborent un projet de fuite. Une
fois libres, ils pourront récupérer les diamants des
Borgia cachés sur l’île de Monte-Cristo - non pardon, sur
l'île de Corse. Ils réussissent à sortir de leurs cellules
mais Borgia est tué durant la fuite: Conrad est donc le
seul à s’échapper.
Dans sa fuite à la nage, il est récupéré par Celia Borgia,
qui était restée à proximité de la prison dans l’espoir de
faire échapper son père. Les deux jeunes gens font
alliance pour se venger de ceux qui ont trahi Borgia d’une
part et Conrad d’autre part, et cela grâce aux diamants
récupérés en Corse.
Un peu plus tard, tout Paris est ébloui par l’arrivée d’un
jeune homme qui se fait appeler « le comte de
Monte-Cristo, Junior. » Il est richissime, imbattable
en duel, etc. A partir de là, Conrad et Celia montent leur
vengeance contre l’homme qui avait dénoncé Borgia et
contre le dénonciateur du jeune marin (et son père, qui
était son complice). Pour cela, ils déploient leurs
ressources financières, leur réseau d’espions et une
capacité sans égale pour les déguisements. Tous deux
peuvent changer d’apparence en un instant, Celia se fait
passer pour un homme la majeure partie du temps, y compris
sous l’apparence d’un serviteur noir de Monte-Cristo
Junior, et personne ne se doute jamais de rien. Ils font
perdre de l’argent à leurs ennemis, les blessent en duel,
les font prisonniers de brigands, menacent l’un d’eux de
l’affamer jusqu’à ce qu’il ait donné tout son argent, etc.
L’intrigue, on le voit, est donc une copie conforme des
grandes lignes du Comte de Monte-Cristo,
complètement dénaturées évidemment (la seule différence
notable étant l’introduction de l’équivalent d’une fille
de l’abbé Faria). Rien ne permet d’expliquer les talents
quasiment surhumains de Conrad et Celia, rien n’est trop
invraisemblable pour figurer dans le récit. Détail
comique: l’auteur affirme au début de l’histoire que le
jeune pêcheur Conrad Picardo est en fait un enfant adopté
et que son illustre naissance sera révélée un jour ou
l’autre. Un truc de roman populaire usé jusqu’à la corde
mais dont Howard Austin réalise finalement… qu’il n’en a
pas besoin. La question est évacuée en deux lignes tout à
la fin, en indiquant que Conrad n’a jamais retrouvé ses
vrais parents!
Face à une telle œuvre, on reste sans voix. Et pourtant,
Austin reprendra quelques années plus tard le thème du
jeune Monte-Cristo et réussira à faire peut-être encore
mieux - ou pire, c’est selon - avec Young Monte
Cristo or the Millions of the Sunken Island.
Extrait du chapitre XVII The last surprise
"Listen to me now!" cried the young fisherman, as he
advanced with his wife and confronted the other prisoners.
A deep silence prevailed over the cave for a moment, and
the young man continued in thrilling tones, saying:
"I will not speak of the sufferings I endured when in
prison in company with the noble Count Borgia, but I will
tell you that I escaped on that night when he lost his
life in the attempt. With the assistance of his brave
daughter here I reached the headland below Toulon, and
then we both planned to avenge ourselves on the infamous
wretches who had betrayed her father and myself. Before
leaving the prison, Count Borgia confided to me the secret
concerning the hiding-place of the diamonds of the
Borgias, most of which were concealed in a cave on the
coast of Corsica. We went to Corsica together, and we
found the diamonds. Then we laid our plans anew for our
life of vengeance. We left Corsica and came here to Spain,
where we were united as man and wife. After that we
traveled in various countries, having disposed of some of
the diamonds. While thus traveling my dear wife educated
me and trained me to become what is called a gentleman. We
also studied the languages of different nations for
reasons that you will see explained hereafter.
"Having acquired experience and skill in the use of arms,
in the meantime, and having enlisted a band of faithful
followers to serve our purpose, we set out for Paris to
commence our work against the dastardly enemies, who
deserved a terrible punishment."
The young man motioned to one of his followers at the
moment, while he flung off the outer garments of a
fisherman before those who were able to perceive him. He
then arrayed himself in other garments and disguises in
the most rapid manner possible, while Lorenzo and old
Metcalfe stared at him in astonishment. When properly
arrayed the brilliant young man addressed old Metcalfe,
crying:`
"Who am I now, old man?"
"You are the young gentleman who was known in Paris as
Count Monte Cristo, Jr."
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