L’Eminence rouge
Xavier de l’Ange
179 pages Editions Maréchal - 1946 - France Roman
Intérêt: 0
Cette fiche traite de deux volumes: le tome 1 Les
quatre mousquetaires, 198 pages, Editions
Maréchal, 1944, et le tome 2 L'Eminence rouge,
179 pages, Editions Maréchal, 1946. Ces livres
constituent le début de la série Les quatre
mousquetaires, annoncée comme devant en comporter
dix (nous ne savons pas si les volumes suivants ont été
publiés):
-
Les Quatre Mousquetaires
- L'Eminence rouge
- Le Talisman d'Anne d'Autriche
- Une Mission de Confiance
- Echec au Cardinal
- Monsieur le Grand
- Le Dossier secret
- La Chevauchée fantastique
- La Fronde
- Le Comte de Réville
Voilà un exemple typique de plagiat de dernière
catégorie. Et cela malgré l'ambition affichée par
l'auteur, qui affirme dans la préface du deuxième tome
vouloir publier non seulement les dix romans mentionnés
ci-dessus, couvrant une période allant de Louis XIII à
la mort de Louis XIV, mais continuer ensuite avec quatre
autres séries de dix volumes, traitant respectivement
des époques "De Louis XV à Napoléon", "De Sainte-Hélène
à 1870", "De 1870 à 1918" et "De 1918 à 1947".
Officiellement, bien
sûr, les quatre mousquetaires héros de cette première
série n'ont rien à voir avec ceux de Dumas. S'ils
luttent contre Richelieu (l'Eminence rouge du tome 2),
si ce dernier est servi par une redoutable espionne,
sœur jumelle de Milady, si les mousquetaires participent
au siège de La Rochelle, tout cela n'est que
coïncidence...
Mais, on s'en serait douté, les mousquetaires eux-mêmes
sont la copie conforme de ceux de Dumas. Le bon gros
géant s'appelle Baltos et le coureur de jupons Amadis...
Sauf que le livre est si lamentablement écrit qu'à
plusieurs reprises le bel Amadis devient tout
simplement... Aramis!
Quant au récit, il se borne sans surprise à une
succession de péripéties décousues, dépourvues du
moindre intérêt.
Extrait du tome 2, chapitre 3 A l'auberge Au
grand Richelieu
La salle d’auberge était vaste mais basse de plafond,
des solives noircies s’entrecroisaient et l’on était
toujours tenté de courber la tête pour ne pas s’y
cogner. Le mobilier se composait de longues tables
d’hôtes où l’on eût aisément tenu à dix convives, et de
banquettes de bois mal équarri. Dans l’âtre, malgré la
douceur de la température, un énorme feu de bûches
flambait.
Les hommes du Cardinal, dont avait parlé l’aubergiste,
étaient attablés au centre de la pièce. Ils buvaient sec
et parlaient haut. Ils étaient trois. A l’entrée de nos
mousquetaires et du comte de Chalais, ils
s’interrompirent un moment pour les toiser, puis
reprirent de plus belle la narration de leurs exploits
réels ou imaginaires. D’emblée ils déplurent au
susceptible Baltos, mais Véga qui s’en était aperçu
s'empressa de choisir la table la plus éloignée de la
leur.
Nos quatre hommes durent convenir que le repas était
excellent. Pot-au-feu à la mode de Gascogne, poularde
farcie, canetons rôtis, faisan braisé, omelette aux
fines herbes, le tout arrosé d’un de ces petits
armagnacs qui vous met les joues en feu et le coeur en
liesse...
Quand ils eurent terminé nos voyageurs décidèrent
d’aller se coucher afin d’être bien dispos pour
accomplir l’étape du lendemain, seul Baltos demeura en
tête à tête avec une bouteille aux trois-quarts vides
que pour rien au monde il n’eût voulu abandonner dans
cet état. Il changea de place et s’installa dans un
fauteuil de bois les jambes étendues devant l’âtre, la
bouteille sur la table à portée de sa main.
Le gros homme ne tarda pas à sombrer dans une douce
somnolence.
A ce moment un des cardinalistes s’avança vers lui d’une
démarche mal assurée, un verre à la main. Il s’adressa
d’un air provocateur à Baltos.
- Debout, Monsieur, et buvons à la santé de Son Eminence
le grand Cardinal.
Baltos entr’ouvrit à demi les paupières mais ne bougea
pas.
- Que le diable emporte votre cardinal et les drôles
pareils à vous, se contenta-t-il de murmurer entre ses
dents.
Pâle de rage l’ivrogne se tourna vers ses compagnons.
- Holà! Messieurs, ce maraud insulte Son Eminence!
Sous l’insulte Baltos bondit. Il empoigna l’ivrogne qui
était maigre comme un échalas et sans effort apparent le
précipita vers ses compagnons. Une chaise bascula, une
bouteille et deux verres roulèrent à terre et se
brisèrent avec un bruit mat. Les trois cardinalistes
tirèrent leur épée et se précipitèrent vers le
mousquetaire. Celui-ci les attendait de pied ferme. Il
éclata d’un rire bruyant et d’un geste brusque tira sa
rapière. Avec une souplesse dont on ne l’eût pas cru
capable, il sauta au delà de la chaise renversée et
s’adossa au mur de la salle afin de ne pouvoir être
contourné durant le combat.
Les adversaires, à trois contre un, se mirent à
ferrailler. Baltos dès le début s’aperçut qu’il avait à
faire à faible partie. Les cardinalistes n’étaient pas
des escrimeurs de première force et de plus ils étaient
sous l’empire de la boisson.
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