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Gautier/Dumas (Le Caucase)
Fracasse et d’Artagnan chez les tzars

Isabelle Cousteil
Agnès Akérib

144 pages
Editions Triartis - 2011 - France
Roman

Intérêt: *

 

 

 

 

Cet ouvrage est conçu selon un concept original, qui en fait en quelque sorte un «remake» des récits de voyage de Dumas en Russie, De Paris à Astrakan et Le Caucase. Constatant que Dumas et Théophile Gautier avaient voyagé en Russie à la même époque (1858-1859) et en avaient rapporté de nombreux écrits, Isabelle Cousteil et Agnès Akérib ont imaginé un échange épistolaire entre les deux hommes, qui se connaissaient.

Au fil de l’ouvrage, on voit ainsi les deux écrivains confronter leurs impressions, Dumas à la recherche d’aventures, Gautier plus porté sur l’histoire de l’art. Les textes sont tirés des récits de voyage des deux hommes, de leurs biographies et de leur correspondance, avec quelques adaptations pour en faire un dialogue épistolaire.

Résultat: un petit livre agréable à lire, qui ne peut qu’inciter à se reporter aux textes originaux et notamment à ce chef d’œuvre du récit de voyage qu’est Le Caucase de Dumas.


Extrait

Un danger de plus
Alexandre Dumas à Théophile Gautier

Le Samour, ce terrible torrent – nous ne voudrions pas lui faire l’honneur de l’appeler un fleuve – faisait beaucoup de bruit et d’embarras. Nous le coupâmes insolemment en deux avec notre tarantass et notre télègue. Il bouillonna, rugit, essaya d’escalader nos voitures, mais n’y put réussir. Nous montâmes au grand galop, et à triple renfort de coups de fouet, sa rive qui représente un talus de vingt à vingt-cinq pieds à peu près à pic. Nous avons déjà dit que c’était au Caucase la recette pour franchir les difficultés du terrain.

Si les chevaux s’abattaient en descendant, on serait tué.

Si les chevaux reculaient en montant, on serait tué.

Mais les chevaux ne s’abattent pas, mais les chevaux ne reculent pas, de sorte que l’on n’est pas tué.

– Mais quand on le serait? Bah! la vie d’un homme est si peu de chose en Orient.

C’est, comme on me le disait à Constantinople, la marchandise qui coûte le moins cher.

Féerie
Théophile Gautier à Alexandre Dumas

Je ne vois pas comme vous le spectacle de la cruauté des hommes et mon esprit se console de la faiblesse humaine avec la puissance de l’art. Je contemple le dôme de Saint-Isaac, posé sur la silhouette de la ville comme une mitre d’or. Si le ciel est pur et qu’un rayon en descende, l’effet devient magique On ne saurait s’imaginer quelle idée de force, de puissance et d’éternité expriment dans leur muet langage ces colonnes gigantesques, s’élançant d’un seul jet, et portant sur leurs têtes d’Atlas le poids comparativement léger des frontons et des statues. Ils ont la durée des os de la terre et semblent ne vouloir se dissoudre qu’avec elle. Parfois, après un dégel, une bise glaciale fige en une nuit, sur le corps du monument, la sueur des granits et des marbres. Un réseau de perles, plus fines, plus rondes que les gouttes de rosée autour des plantes, enveloppe les gigantesques colonnes du péristyle. Le granit rougeâtre devient du rose le plus tendre, et prend sur le bord comme un velouté de pêche, comme une fleur de prune; il se transforme en une matière inconnue, pareille à ces pierres précieuses dont sont bâties les Jérusalem célestes. La vapeur cristallisée revêt l’édifice d’une poussière de diamant qui jette des feux et des bluettes quand un rayon l’effleure; on dirait une cathédrale de pierreries dans la cité de Dieu.

 

 

 

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