Milady Monte Cristo
John Pennington Marsden
304 pages 1895 - États-Unis Roman
Intérêt: *
Contrairement à ce que son titre pourrait faire croire,
ce roman a très peu de rapports avec Le comte de
Monte-Cristo. Il s’agit d’un récit à la première
personne, fait par William Hardy. Au début du roman,
celui-ci est le tout jeune pasteur d’une petite ville
minière du Nevada. Il marie à la sauvette un couple
étrange, John Skelton et Melia Hamilton. Cette dernière
ne dit pas un mot mais fait une forte impression sur le
jeune homme. Hardy renonce du coup à ses fiançailles
avec Cora Vangard, fille du notable de la bourgade, et
quitte les ordres.
Il s’installe à San Francisco où
il devient l’homme de confiance de James Wallace, le
plus éminent financier de la ville. A ce titre, il
assiste aux premières loges aux opérations financières
douteuses qui entourent l’introduction en Bourse de la
mine d’argent Fairy Vision, censée être la plus riche du
monde.
De loin en loin, il a des nouvelles de Skelton et de sa
femme. Celle-ci vit dans l’opulence grâce à son mari
toujours absent, dont Hardy a de bonnes raisons de
croire qu’il se livre à des activités criminelles.
Après l’effondrement des opérations financières de
Wallace et son suicide, Hardy finit par s’installer à
Paris. Il y retrouve Melia qui, son mari ayant disparu,
vit désormais dans un dénuement complet. Hardy l’héberge
– en tout bien tout honneur même s’il en est amoureux
fou.
Hardy repart dans le Nevada à la recherche de Skelton
qu’il trouve, mourant, enfermé dans la cachette de son
trésor: pendant des années, le mari de Melia a été en
fait le receleur de tous les brigands de la région et a
accumulé une fortune colossale venue des mines des
environs pillées par ces derniers. En mourant, il lègue
à sa femme les titres de propriété du terrain de la
fameuse mine Fairy Vision. Melia devient donc une femme
richissime qui éblouit tout Paris par sa fortune et que
l’on surnomme «comtesse de Monte-Cristo».
Son statut de jeune veuve milliardaire suscite
évidemment bien des convoitises. Hardy, plus amoureux
que jamais, s’emploie à déjouer les machinations
d’infâmes prêts, au choix, à contraindre Melia au
mariage ou à causer sa ruine. Ses années d’amoureux
transi finiront par être récompensées.
Milady Monte Cristo ne manque pas de charme.
La description des mœurs de la société américaine à la
fin du XIXème siècle, avec la ruée sur les mines, les
fortunes immédiates et le début de la mise en place des
marchés boursiers est très réussie. L’évocation
détaillée des manipulations boursières à une époque où
aucune loi n’interdisait les délits d’initiés ou ne
protégeait les petits actionnaires est édifiante. Dans
un autre registre, les états d’âme d’Hardy, ex clergyman
évoluant dans une société très puritaine, ont un intérêt
très rétro.
On ne peut que regretter, finalement, le peu de
rapports réels entre Milady Monte Cristo et le
roman de Dumas. Le nom Monte-Cristo n’est utilisé ici
que parce qu’il symbolise l’extrême richesse. Il n’est
pas question de monstrueuse injustice, d’enfermement
prolongé ou de vengeance sophistiquée. A l’extrême
rigueur, on peut relever un renversement d’un thème du Comte
de Monte-Cristo dans la scène où Skelton meurt
enfermé avec son trésor.
Extrait du chapitre XII I am present at
the hatching of a conspiracy
It was a crowded evening at the Tosti's. All Paris was
there, including a large contingent from the American
colony. Titles were as plentiful as diamonds, and both
were dominated by the brilliancy of the event itself.
The reception had been given in honour of Melia, who had
come to be known as the «Countess of Monte Cristo».
Republican France clings to its monarchical traditions
with the same avidity that characterizes Republican
America's estimation of them; and it was probab1y to the
conjunction of these two facts, added to a third, her
almost limitless wealth, that Melia owed her
newly-acquired dignity. At any rate, after she came into
her property, she was spoken of, and pointed at, and
invited as, and taken for «The Countess»; and, as she
naturally must be Countess of something or somebody,
«Monte Cristo» was unanimously selected as the title,
and everybody was happy.
Parisian society had seen or known but little of the
Countess up to this time, it being generally understood
that a bereavement in her family, of which she never
spoke, had kept her in the deepest mourning, and much at
home, in her hotel near the Parc de Monceau. Of late,
however, she had emerged from her retirement, minus her
mourning, and plus a title, the authenticity of which no
one wished to dispute, and had thrown open her beautiful
house on the occasion of a ball; the return match to
which was now being played.
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