Salut aux Trois Mousquetaires*
Hugues Delorme
1 pages Comoedia - 1921 - France Poème
Intérêt: *
Ce poème est paru dans le quotidien culturel Comoedia le 7 octobre 1921. Sa publication s’inscrit dans un ensemble à l’occasion de la sortie du monumental (et exceptionnel) film d’Henri Diamant-Berger Les trois mousquetaires. Regrettant que le cinéaste n’ait pas toujours suivi rigoureusement le roman de Dumas, le journal décide de republier l’intégralité de celui-ci. Ce numéro du 7 octobre donne donc la préface du roman, en attendant les chapitres prévus dans les numéros suivants.
Mais ce n’est pas tout. Comoedia publie également une très intéressante lettre de Diamant-Berger qui s’explique sur sa démarche de cinéaste et les raisons qui l’ont conduit à apporter certaines modifications au texte original. Enfin, le troisième élément de cette page est un poème rédigé par Hugues Delorme.
L’auteur y rend un vibrant hommage au roman de Dumas, ses personnages, son action, son style, sa verve… Et il se félicite que le cinéma prenne la relève pour dire « l'épopée dont s'enchantèrent nos vingt ans ». Un poème sympathique aux vers passables.
Merci à Mihai-Bogdan Ciuca de m'avoir signalé ce texte.
Texte intégral
Sandioux !... Palsambleu !... Cadedis !
Par la fressure du Saint Père
Ces fiers fantoches de jadis
Retrouvent un destin prospère!...
On crut leur genre désuet:
Maint esthète excédé, suait
A leurs façons autoritaires...
Or, pleins de panache et de cran,
Voici renaître sur l'écran
La trinité des mousquetaires.
D'Artagnan, Aramis, Athos,
Et (nos trois compagnons sont quatre)
Porthos, à l'ingénu pathos,
De nouveau sont prêts à se battre...
A se battre pour cent motifs;
Pour l'orgueil d'être combattifs,
Pour l'honneur de leur Souveraine...
Afin de les grandir encor
Voici, prestigieux décor,
Les riants châteaux de Touraine.
L'œuvre de Dumas et Maquet
Par son allure conquérante
Superbement estomaquait
Les gens vers mil huit cent quarante
Du roman l'on changeait le ton.
- C'est de l'Histoire, disait-on,
Documentaire et sans reproche!...
Or l'Histoire n'est là qu'un clou
Mais (délicieux miracle) où
L'imagination s'accroche.
Le style ne manque pas d'accent.
La verve est extraordinaire
Et quel grand plaisir on ressent
Aux exploits que nous énumère
Ce bouquin fantasque et charmeur!
A ses trésors de belle humeur
Le moyen de ne pas souscrire.
Pour d'Artagnan l'audacieux
De la petite Bonacieux
La France a gardé le sourire.
Et puisque toi que l'on aima,
Bon mélo de cape et d'épée,
Tu n'es plus, que le Cinéma
Dise à ta place l'épopée
Dont s'enchantèrent nos vingt ans !...
Aux feutres, aux pourpoints, le temps
N'a pas dû causer grands dommages;
Et quand on poursuit le duel,
Il est assez spirituel
D'aller l'applaudir en images.
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