Gentleman Jim A tale of romance and revenge
Mimi Matthews
368 pages Perfectly Proper Press - 2020 - États-Unis Roman
Intérêt: *
Voici un roman qui revendique haut et fort sa filiation
avec Le comte de Monte-Cristo. Il s’ouvre sur la
célèbre citation des derniers mots du roman de Dumas: « L’humaine
sagesse est tout entière dans ces deux mots: attendre et
espérer! ». Plus explicitement encore, une note de
l’auteure, à la fin du volume, explique que l’histoire lui
a été inspirée par son « amour pour deux romans
classique: ‘Le comte de Monte-Cristo’ d’Alexandre Dumas,
publié en 1844, et ‘Histoire de Tom Jones, enfant
trouvé’ de Henri Fielding, publié en 1749 ». Et
Mimi Matthews, rappelant qu’elle a cité au début de son
livre les dernières lignes de Monte-Cristo,
reproduit alors les deux derniers paragraphes du roman de
Dumas pour les mettre en contexte.
Si filiation
il y a bien entre Monte-Cristo et Gentleman
Jim, elle n’est cependant que très partielle. Le
roman de Mimi Matthews est d’abord un pur roman
sentimental dans la grande tradition, comme on aurait pu
penser que l’on n’en écrivait plus au XXIème siècle. Un
roman, autrement dit, où l’amour emporte tout, où le héros
et l’héroïne ne vivent que l’un pour l’autre, sont prêts à
surmonter tous les obstacles et toutes les oppositions
pour vivre leur amour… Et tout cela sans une ombre
d’érotisme: les personnages ne vont jamais au-delà de
chastes baisers - mais des baisers qui, bien sûr,
suffisent à les bouleverser jusqu’au fond de l’âme!
L’histoire commence en 1807 dans un beau domaine de la
campagne anglaise. La jeune fille de la famille, Maggie
Honeywell, vit un amour passionné avec Nicholas Seaton.
Petit problème: le Nicholas en question est domestique,
fils bâtard d’une fille de cuisine du château et d’un père
inconnu. Pour ne rien arranger, Maggie est promise de
longue date en mariage à un voisin de bonne famille,
l’infâme Fred Burton-Smythe. La romance de Maggie et
Nicholas n’est évidemment pas acceptable. Et les choses
tournent mal quand Fred fait accuser faussement de vol le
jeune domestique. Menacé d’être pendu, il s’enfuit avec
l’aide de Maggie et disparaît pour de bon.
Dix ans plus tard, la bonne société anglaise est intriguée
par l’arrivée de John Beresford, vicomte St. Clare,
petit-fils d’un grand seigneur, le Earl of Allendale.
Beau, riche et mystérieux, jamais personne ne l’avait vu
jusqu’ici puisqu’il était censé avoir vécu toute sa vie
« sur le continent ». Maggie reconnaît tout de
suite son ancien amoureux sous les traits de cet
aristocrate. Alors qu’elle est sur le point d’être
finalement obligée d’épouser Fred Burton-Smythe, elle va
se battre pour repousser ce dernier et vivre enfin avec
l’homme de sa vie…
Petit à petit, les mystères qui entourent le vicomte St.
Clare s’éclaircissent. On finit par apprendre que le père
caché de Nicholas était le fils du Earl of Allendale.
Nicholas, alias St. Clare, est donc héritier légitime du
nom et de la fortune des Allendale, une révélation finale
qui arrangera bien les choses, on l’imagine. Entretemps,
on aura appris que le père de Nicholas était devenu
brigand (oui, le fils de la grande famille…), on aura vu
que Fred est un être sans scrupule prêt à tout pour
s’emparer de la belle Maggie et de sa fortune, etc.
Comme on peut le voir à ce bref résumé, l’histoire
présente bien quelques similitudes avec celle de Monte-Cristo:
le jeune homme de milieu modeste victime d’une terrible
injustice, son retour transformé en homme puissant, riche
et éduqué. Mais les différences sont extrêmement
importantes. La fortune et le nouveau statut social du
héros ne sont pas dûs à des années d’efforts et de
préparation de vengeance, mais correspondent simplement à
ce à quoi sa véritable naissance lui donne droit. Sa
transformation en homme éduqué découle de l’enseignement
intense que son grand-père lui a inculqué (voir extrait
ci-dessous). Quand à sa transformation physique, c’est une
question qui demeure bien vague. Alors même que le jeune
homme n’a traversé aucune épreuve à même de le rendre
méconnaissable, Maggie elle-même hésite entre doute et
certitude quant à son identité. Par moments dans le roman,
il semble que personne ne puisse le reconnaître mais dans
d’autres passages, Maggie redoute qu’il soit identifié
comme le domestique accusé de vol de jadis. Une
incohérence quelque peu gênante puisqu’au coeur de
l’intrigue.
On peut également relever quelques clins d’œil de Mimi
Matthews. Un personnage de la bonne société londonienne
actif à colporter des ragots sur St. Clare s’appelle
Beauchamp, comme le journaliste du Comte de
Monte-Cristo. De passage à Londres, les principaux
personnages vont regarder l’acteur Kean jouer Macbeth,
une possible allusion à la pièce Kean de Dumas.
Surtout, l’intervention de Maggie pour empêcher St. Clare
de tuer Fred en duel évoque évidemment celle de Mercédès
suppliant Monte-Cristo d’épargner la vie de son fils
Albert de Morcerf.
Un roman agréablement écrit mais qui ne tient que
partiellement ses promesses d’hommage à Dumas.
Extrait du chapitre 24
(Maggie) "took ill some years ago. A bout of
influenza weakened her lungs. Sometimes, when she's
exerted herself, she finds it hard to catch her breath."
Allendale returned to his supper. "You know how I feel
about frail, sickly females."
"She's not frail. She's the strongest person I know. The
strongest, the bravest." A lump formed in St. Clare's
throat. "She saved my life in Somerset. If not for her..."
"A gel with spirit.That's something, at least. Only
natural you should feel gratitude toward her."
"It's more than gratitude. I told you. My feelings for
her—"
"Feelings, bah! You appeared willing enough to forget
those feelings before we came here." Allendale speared a
piece of sturgeon with his fork. "You weren't moping about
Rome or Venice, as I recall."
St. Clare's expression hardened. There had been precious
little time for moping when his grandfather had first
taken him in hand. Indeed, in the beginning, every waking
moment had been absorbed by lessons. Lessons upon lessons
from an endless string of pitiless foreign tutors.
He'd had to learn everything over again. More than just
the reading and writing that Maggie had taught him as a
boy. He'd had to re-learn how to walk and talk. How to
think. Most importantly of all, he'd had to prove that he
had the aptitude to change. The raw material, as his
grandfather had called it.
"No use wasting my time if you haven't the capacity for
it," he'd often said. "You can go straight back to where
you came from. I've no patience with a lad who won't put
in the effort."
St. Clare had put in the effort and more.
He'd studied ceaselessly, his hours in the schoolroom
broken only by hours spent with his fencing instructor or
practicing his shooting. In time, he'd mastered pistols
and swordplay. Even more difficult, he'd learned how to
master his own unruly temper.
None of it had been easy. Every day had ended in physical
and mental exhaustion. And then he'd gone to sleep, only
to start over again the next day and the next. Training
and studying and learning, until he didn't only look and
act different, he was different. Until Nicholas Seaton was
dead and a new man had risen in his place. A gentleman. A
nobleman.
It had taken ten years to effect the transformation. A
complete one by outward appearances. But one small part of
Nicholas Seaton had resisted the change. A piece of his
heart had remained, beating as strongly as ever, pure and
true and steadfast for Maggie Honeywell.
No matter how long it takes, I will come back for you.
"I never forgot her," he said. "She's the only person on
this earth I've ever loved."
"Love. You bandy that word about a good deal in
relation to your Miss Honeywell." Lord Allendale reached
for his glass of wine. "Perhaps it's time she and I made
each other’s acquaintance."
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