D’Artagnan roman historique
Adrien Guignery
128 pages Albert Mericant Editeur - 1900 - France Roman
Intérêt: 0
Note: la date de 1900 est approximative, le volume ne portant aucune indication de date.
Autant ce volume petit format est fort joli, autant son contenu
est consternant. L'auteur livre le projetde ce "roman
historique" dans une brève
préface où il affirme: "la plupart des événements
qui vont se dérouler devant les yeux du lecteur sont rigoureusement
historiques". Guignery, qui énumère les quelques
livres qu'il a "consultés", au premier rang
desquels les Mémoires de M. d'Artagnan, s'inscrit
ainsi dans la longue liste des romanciers qui veulent rétablir
la "vérité historique" malmenée
par Dumas.
Le récit qui suit est en fait un mélange parfaitement
hétéroclite de scènes romanesques plagiant
directement Dumas, d'anecdotes plus ou moins véridiques
et de pages purement historiques et didactiques.
Pour ces dernières, Guignery a tout simplement recopié
de nombreux passages de la célèbre Histoire
de France d'Anquetil, qui faisait autorité au XIXème
siècle (et dont Dumas s'est lui-même inspiré à l'occasion!).
Mais l'auteur oublie curieusement de mentionner ce livre parmi ses sources.
Le résultat est donc parfaitement incohérent et
dépourvu du moindre intérêt.
Ce livre a été publié en espagnol par les Editions Mundo Latino. Il s'agit d'une traduction fidèle à deux détails près. En premier lieu, le dix-septième et dernier chapitre ne figure pas dans la version espagnole. En deuxième lieu, le titre a été changé en Los amores de d'Artagnan, sans doute pour faire un parallèle avec un autre livre de Guignery, Les amours d'Aramis, publié en espagnol par la même maison d'édition sous le titre Los amores de Aramis et qui constitue plus ou moins une suite à ce D'Artagnan.
Extrait du chapitre 1 L'auberge du Gaillard-Bois - Athos,
Porthos et Aramis
Ce fut à l'auberge du Gaillard-Bois que descendit un
jeune homme dont le visage et les vêtements fatigués
dénonçaient la légèreté de
la bourse.
L'aubergiste, François Giraud, n'en reçut pas moins
courtoisement le voyageur que la Misère plutôt que
la Fortune, lui envoyait.
Il lui donna sa plus modeste chambre, et se mit à ses
ordres pour servir une collation.
- Volontiers, mon brave.
- Nous commencerons par une omelette au lard?
- J'accepte l'omelette au lard.
- Puis, j'aurai l'honneur de vous servir une poule au pot dont
le feu roi Henri se lécherait les doigts si, depuis longtemps,
il ne fut passé de vie à trépas.
- ... Mon compatriote Henri était un gourmand... Je me
contenterai de l'omelette.
- Seriez-vous malade?
- Non, mon brave, je suis sobre... voilà tout.
François sourit.
- Excusez la franchise d'un homme qui a porté l'uniforme.
Vous arrivez de Gascogne?
- Oui!... Quel rapport cela peut-il avoir avec la confection
d'une omelette?
- Vous mettez en pratique la coutume de votre pays: "Quand
un Gascon n'a pas un sol en poche, il place tout de même
le plumet sur l'oreille et le ruban de couleur à la
cravate."
Le voyageur leva fièrement sa jeune et expressive tête.
- Un d'Artagnan paie toujours ses dettes... Qu'elles soient de
jeu, d'amour, de haine...
Il porta la main droite à sa poche, en tira une pistole
d'Espagne et la jeta dans le bonnet de coton que Giraud
tenait.
- Payez-vous d'avance, maître cabaretier.
Celui-ci plongea une main dans la bourse improvisée, saisit
la pistole et la présenta au Gascon.
- Je serais au désespoir si des paroles, dictées
par l'intérêt que m'inspire la jeunesse avaient
pu froisser... Ne prenez pas pour de la méfiance
ce qui n'est qu'une preuve...
- ... de confiance.
- Vous souriez, monsieur d'Artagnan, j'en suis fort
aise... Je descends dire à Marton, ma femme, de casser les oeufs
et de les battre pendant que je vais faire fondre
le beurre et griller les lardons.
- Un mot, je vous prie.
- Je suis à vos ordres, monsieur d'Artagnan. - Où pourrais-je trouver un fripier... honnête?
- Des fripiers voleurs... ne manquent pas... mais
des fripiers honnêtes... l'espèce en est plus rare... Serait-il
indiscret de vous prier de me dire quels vêtements
et objets vous comptez acheter?...
- Je veux remonter ma garde-robe... tout
simplement.
- Descendez avec moi, mon gentilhomme, j'ai
votre affaire.
- Dans le voisinage?
- Ici même... Un aimable cavalier qui fut hébergé
au Gaillard-Bois pendant une année, sans que je lui eusse
fait observer que la note de ses dépenses s'augmentait
au delà des limites permises, n'est plus revenu le trois-cent-soixante-septième
jour... Il a laissé une garde-robe en excellent état
et...
- ... Combien me coûtera-t-elle?
- Une promesse.
En garçon qui ne s'étonne de rien, d'Artagnan demanda:
- Laquelle?
- Celle de ne pas courtiser ma femme.
- Diable! La réponse demande réflexion. |