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Le comte de Monte-Christo
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La Revue Louisianaise et
Alexandre Dumas Créée le 5 avril 1846, la Revue Louisianaise était « Publiée par la Société littéraire et typographique de la Nouvelle-Orléans ». Propriétaire « d’un immense matériel d’imprimerie et ne devant pas un cent », cette société reposait sur des bases « puisées dans les socialistes modernes qui se sont occupés de l’organisation du travail. C’est la mise en pratique du système de Fourrier », est-il précisé dans le deuxième numéro afin de rassurer les lecteurs qui hésiteraient à s’abonner, craignant une disparition rapide de la publication. Chaque numéro de la Revue comprend un ou deux longs textes littéraires, suivis de diverses anecdotes et de quelques articles sur l’actualité politique ou internationale. La Revue s’intéresse à l’actualité américaine, bien sûr, mais au moins autant aux nouvelles venues de France. Les journaux français arrivés par le dernier bateau fournissent ainsi beaucoup de contenu au journal de la Nouvelle-Orléans. Durant la saison, la Chronique théâtrale est également une rubrique fournie. Il est frappant de constater qu’Alexandre Dumas apparaît constamment dans les pages de la Revue louisianaise, qu’il s’agisse de potins mondains, d’anecdotes littéraires, de publication de textes de lui ou de spectacles tirés de ses romans. Dans le n°1 figure un court article sur la projet de Dumas d’ouverture d’une nouveau théâtre à Paris dont la première pièce sera sa version théâtrale du Comte de Monte-Cristo (annonce assez cocasse quand on sait que c’est en fait à la Nouvelle-Orléans que sera jouée, quelques semaines plus tard, la première adaptation scénique du roman!). Il est par ailleurs mentionné que le décorateur du Théâtre d’Orléans, le théâtre de la ville, prépare les décors de la prochaine représentation des Trois mousquetaires. Le n°2 annonce la représentation la semaine suivante de cette pièce qui a eu « un succès fabuleux à Paris ». ![]() Dans le n°5, un petit article ironique compare les techniques de Dumas et d’Eugène Sue pour allonger leurs feuilletons à coups de répliques comprenant un ou deux mots ou en multipliant les points de suspension… Dans le n°6 figure le texte le plus surprenant: « Départ des quatre mousquetaires pour le camp du général Taylor ». La Revue se préoccupait beaucoup de la guerre qui opposait alors les Etats-Unis et le Mexique et plus précisément de la situation difficile dans laquelle se trouvaient le général américain Taylor et ses hommes face à l’armée mexicaine. L’auteur anonyme de la Revue Louisianaise imagine donc que les quatre héros, sans occupation depuis la fin des représentations des Mousquetaires, partent prêter main-forte à Taylor et à sa « cause généreuse ». Comme le dit Aramis, après tout « les belles Mexicaines aux yeux noirs, aux formes arrondies, valent bien les duchesses blondes et étiolées ». Après la publication du Comte de Monte-Christo de Canonge dans les n°7 et 8, Dumas demeure très présent dans la Revue. Le n°10 comporte une « Causerie parisienne » assez drôle. Il s’agit d’une fantaisie qui imagine l’application du « télégraphe électrique » à la littérature. « Un fil conducteur, ou plutôt plusieurs fils conducteurs partiront du domicile de M. Alexandre Dumas et se dirigeront vers la Presse, le Siècle et le Commerce. Il y aura des embranchements sur la Chronique, la Démocratie pacifique, et une foule d’autres journaux; de cette façon, M. Alexandre Dumas pourra dicter sept ou huit romans à la fois. Ces romans auront en outre l’avantage de s’imprimer au fur et à mesure. Cela s’appellera faire du feuilleton électrique. » La Revue passe ensuite à la publication de textes de Dumas lui-même. Le n°15 voit le début de la parution de Le colonel Santa-Croce (extrait de Le Speronare, récit de voyage publié en 1842), parution qui s’achève dans le n°16. Ce même n°16 comprend deux textes de Dumas, puisqu’y paraît aussi le premier volet de Michel-Ange, dont la publication courra jusqu’au n°18. Dans le n°25, on peut relever une description enthousiaste du château que Dumas est en train de se faire construire près de Saint-Germain-en-Laye et qui sera « royal ». Au bout du compte, l’impression qui se dégage de ces six premiers mois de parution de la Revue louisianaise est celle d’une fascination pour Dumas, qu’il s’agisse des anecdotes sur sa vie et sa manière d’écrire, de ses propres textes ou de ceux écrits par d’autres à partir de ses oeuvres. Précisions que le seul autre écrivain cité à plusieurs reprises par la Revue est Eugène Sue, souvent en comparaison avec Dumas. Les autres écrivains français, comme Balzac, ne sont cités que de manière fugitive. |
Extrait de l’Acte 5, scène III (dernière
scène)
LE COMTE.- C'est vous, M. D'Anglars, je vous
attendais avec impatience.
MAXIMILIEN.- D'Anglars! quoi, vous aussi, le malheur
vous a frappé.
D’ANGLARS.- Vous vous étonnez, n'est-ce pas, Morrel, en
me revoyant? que voulez-vous, c'était ma destinée, un
seul jour m'a tout enlevé.
LE COMTE.- Avez-vous dressé le contrat de mariage ?
D’ANGLARS.- Tout est en règle.
MORREL.- Un contrat de mariage, et pour qui ?
LE COMTE.- Vous allez le savoir. Ecrivez M. le notaire,
que l'époux contractant déclare se nommer Henri
Maximilien de Morrel.
MORREL.- Moi!
D’ANGLARS.- Lui!
LE COMTE.- Quand au nom de la fiancée, elle se chargera
de vous le dire elle-même.
MORREL.- Valentine !
VALENTINE.- Maximilien!
D’ANGLARS.- MIle. de Villefort?
MORREL.- Elle vivante ! mais je t'ai vue pâle et glacée
sur ta couche funèbre, mais je t'ai appelée, et tu ne
m'as pas répondu, mais j'ai entendu la terre retomber
sur ton cercueil.
VALENTINE.- Tout cela n'était que mensonge [montrant le
comte] et voilà mon sauveur.
MORREL.- Mon ami!
LE COMTE.- Et maintenant, vous vivrez n'est-ce pas ?
MORREL.- Oui, pour vous aimer et vous bénir. Mais
qu'est-ce donc? vous voilà pâle et défait ?
LE COMTE.- Rien... Un éblouissement passager. Signez. [A
part]. J'ai rempli mon devoir.
MORREL.- A vous, mon ami.
D’ANGLARS.- Qu’ai-je vu ? Edmond Dantès.
MORREL.- Ce nom ?
LE COMTE.- C'est le mien! c'est celui d'un homme qui
devait tout à votre père, n'est-ce pas M. le notaire ?
D’ANGLARS [à part].- Fernand avait raison ! c'était lui
! Je comprends tout maintenant.
LE COMTE.- Et ajoutez... votre main tremble, baron
D'Anglars, ajoutez qu'Edmond Dantès laisse au nouvel
époux toute la fortune du comte de Monte-Christo.
MORREL.- Comment ! vous dépouiller ainsi ! je
n'accepterai jamais.
LE COMTE.- Voulez-vous donc que je l'emporte dans ma
tombe ?
MORREL.- Que dites vous ?
LE COMTE.- J'ai pris votre place, je vais mourir.
MORREL.- Mourir.
VALENTINE.- Ne parlez pas ainsi... Vous chancelez,
laissez moi demander quelques secours.
LE COMTE.- Ne cherchez pas à me sauver. Il serait trop
tard! le poison qui circule dans mes veines ne pardonne
jamais. Maximilien, j'ai trop vécu, j'ai un remords dans
le cœur, j'ai besoin de me reposer en Dieu.
MORREL.- Oh! mon ami, qu'avez-vous fait ?
VALENTINE.- Vivez, vivez pour nous.
LE COMTE.- Ne parlez pas ainsi, si vous ne voulez pas
que je regrette trop cette vie. Morrel.... je me sens
mourir. Adieu, donnez parfois une larme un souvenir à
votre ami... Adieu.... Vivez en paix, Valentine, un mot,
mais à vous seule….
Aimez-le bien, comme il vous aime. C'est une belle et
noble nature. Votre indifférence le tuerait, croyez-en
la voix mourante du comte de Monte-Christo; car, c'est
l'amour qui le tue. Il avait donné son cœur à deux
femmes; la première est morte de douleur, la seconde,
celle pour laquelle il meurt, puisqu'un autre devait la
posséder : la seconde, oh! plus près, plus près encore,
que vous seule m'entendiez, la seconde... Valentine...
Je t'aimais.
VALENTINE.- Ah!
MORREL.- Mort!
VALENTINE.- Maximilien! Vous ne connaîtrez jamais le
dévouement de celui que vous venez de perdre.
D’ANGLARS.- C'était donc lui ! Fatalité !
FIN.
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