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Le fils de Porthos
Ce roman du grand spécialiste des suites de Dumas, Paul
Mahalin, raconte les aventures de Joël de Locmaria, né à
Belle-Isle des amours de Porthos et de Corentine Lebrenn
(quand Porthos vint fortifier Belle-Isle pour le compte
de Fouquet). Le livre a été publié en anglais, sous le nom d'Alexandre Dumas. Dans l'édition Collins, une préface de Mark White affirme dans ses dernières lignes: "il faut reconnaître que l'origine de ce livre n'est pas prouvée. Mais nous sommes trop heureux de retrouver nos héros préférés pour mettre en cause avec une sévérité excessive l'identité précise de l'auteur". Détail intéressant: la traduction anglaise prend
certaines libertés avec l'original français, au point de
faire mourir Aramis à l'issue du duel final où celui-ci
et Joël se "reconnaissent". Si bien que certaines
éditions anglaises de The son of Porthos
portent en sous-titre "or the Death of Aramis".
Extrait du chapitre 29 Le coup de Porthos Aramis se mordit les lèvres: - Chevalier, votre obstination me peine ... Elle ne changera rien, d'ailleurs, à l'exécution de mes projets... Le roi va venir. Mme de Locmaria va se réveiller: encore une fois, allez-vous-en! - Pas sans ma femme. La prunelle du duc s'alluma de colère: - Oh! oh! grommela-t-il, voilà que vous lassez ma patience... Je ne vous veux pas de mal, pourtant... Allez-vous donc m'obliger à vous tuer? - Me tuer!... Vous!... Et avec quoi? - Avec ceci. Et le vieux seigneur saisit, sur un fauteuil, son épée, - une épée de cour - , un mince filet d'acier dans un fourreau de velours. - Oh! répliqua le fils de Porthos, si vous n'étiez pas un vieillard!... L'ex-mousquetaire bondit comme sous un soufflet: - Un vieillard!... Prenez garde, monsieur, prenez garde!... Vous êtes, en cet instant, plus près de la tombe que moi!... Aurore avait fait un mouvement... Joël fit un pas vers le lit... Mais M. d'Alaméda s'était jeté devant la balustrade qui défendait l'approche de celui-ci, le corps, appuyé sur cette balustrade, les jambes fléchies, le bras plié, la pointe en arrêt... - Allons, demanda-t-il, êtes-vous prêt, jeune homme? - Me voici, puisqu'il le faut, répondit notre héros. Et, croyant avoir promptement raison d'un adversaire de cet âge, il ne s'amusa pas à tâter ce dernier et engagea par un coup droit, rapide et flamboyant comme un éclair. Le coup fut paré avec une agilité et une aisance que le Breton ne s'attendait pas à rencontrer dans ce corps débile et cassé. Il en fut de même de ceux qu'il porta ensuite, en essayant de trouver jour en quarte, en tierce, par des dégagés, par des coupés. La large lame de sa rapière avait beau voltiger d'une ligne dans une autre avec une vivacité redoutable, le frêle carrelet la suivait ainsi que le fer suit l'aimant, se tortillant et sifflant ainsi qu'une vipère. Le fils de Porthos comprit qu'il avait devant lui un tireur de première force. Il modéra son jeu. Aramis serra le sien, l'épée droite, ne parant que par des simples, ripostant mécaniquement, des éclairs bleuâtres flambant dans son maigre et pâle visage. C'était en vain que Joël multipliait les attaques. Il ne sentait aucune lassitude chez son adversaire. Le poignet du duc semblait d'acier. Notre héros, au contraire, se ressentait des fatigues de sa rapide et longue route à cheval, de celles de la journée et de celles de sa lutte avec les routiers de M. de Boislaurier. En outre, cette supériorité inattendue l'étonnait et le troublait. Il avait le sang au visage. Son bras perdait de sa vigueur et de sa prestesse accoutumées. A un moment, Aurore s'agita sur le lit en poussant un faible soupir. Le Breton l'entendit. Son regard quitta machinalement celui de M. d'Alaméda pour se diriger vers la jeune femme. Un sourire sinistre et cruel éclaira la face exsangue du vieux seigneur. - Vous voilà pris, mon bel oiseau, murmura-t-il, et je vais pratiquer sur vous le coup favori de l'ami Porthos. Puis, tout en intéressant le fer par une pression habile, il s'avança, ramassé sur les jarrets, et soudain, fit un frénétique battement à l'épée et tira droit en se fendant de toute sa largeur. Par bonheur, au nom qui venait d'être prononcé, notre héros avait fait en arrière un saut qui le sauva. En même temps, ce cri s'échappait de ses lèvres: - Porthos, c'était mon père !... |
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