The Initiation of Lady de Winter
Crystal McKinnis Allen Carole McKinnis
414 pages Autoédition - 2021 - États-Unis Roman
Intérêt: *
Comme son titre l’indique, ce roman se présente (comme
de nombreux autres - voir encadré ci-dessous) comme
consacré aux débuts de Milady. Le texte figurant au dos
du livre promet ainsi de révéler au lecteur d’où venait
la « méchante » des Trois mousquetaires. Une
promesse qui n’est pas réellement tenue.
Il faut en fait arriver
dans les environs de la page 280 des 414 pages du roman
pour que l’histoire commence à se connecter à celle du
personnage de Dumas. La plus grande partie du récit est
consacrée au projet de mariage entre le prince Charles
d’Angleterre et l’infante Marie-Anne d’Espagne. Une
histoire complexe dans laquelle la future Milady
n’apparaît que comme une intervenante parmi beaucoup
d’autres.
The Initiation of Lady de Winter s’inspire d’un
fait historique réel: les longues négociations menées
entre Londres et Madrid pour marier le dauphin anglais
Charles et l’infante espagnole. Poussé côté anglais par
Buckingham, ce projet porte sur des enjeux
considérables: il scellerait une alliance
« contre-nature » entre l’Angleterre
protestante et l’Espagne catholique dans un contexte de
très fortes tensions religieuses dans toute l’Europe.
D’où de violentes oppositions dans les deux pays.
Alors que les discussions traînent depuis des années, le
prince Charles et Buckingham se rendent à Madrid pour
tenter de les débloquer. Dans leur entourage figure Anne
Audley et son mari lord Harald Audley, duc de
Southampton. Anne, la future Milady de Winter, est une
charmante jeune femme, menant une vie heureuse auprès de
son mari qu’elle adore, avec qui elle a eu un petit
garçon. Il leur a fallu quitter leur vie paisible pour
accompagner le prince Charles dans son expédition.
Arrivés dans la capitale espagnole, ils se retrouvent
pris dans un écheveau d’intrigues. En particulier, un
quasiment diabolique nonce du pape, monseigneur Massimi,
complote en tous sens: pour obliger le prince anglais,
protestant, à se convertir au catholicisme, ou bien, à
défaut, pour l’assassiner afin de provoquer une guerre
entre l’Espagne et l’Angleterre afin d’affaiblir ce
dernier pays, protestant. Au milieu de toutes ces
intrigues, le prince Charles et l’infante Marie-Anne
tombent amoureux fous, ce qui complique singulièrement
les choses (et est historiquement faux, l’infante ayant
catégoriquement refusé d’épouser un prétendant
protestant). Finalement, Buckingham, désireux de rentrer
à Londres, provoque l’échec final des négociations en
suscitant un esclandre. Sur le chemin du retour, il fait
assassiner Harald, le mari d’Anne, pour l’empêcher de
dénoncer au roi James, le père du prince Charles, son
comportement à Madrid.
Pendant ce temps - et c’est là que l’on retrouve enfin
des éléments liés à Dumas - la reine d’Espagne et
l’infante partent se réfugier au couvent de Temple Mars
(oui, celui des Trois mousquetaires,
orthographié ici en deux mots) pour que la princesse
espagnole puisse accoucher discrètement des œuvres du
prince Charles (sic!). Anne, qui a abandonné son nom
d’Audley depuis la mort de son mari et a pris celui de
comtesse de Winter, les rejoint: elle y fera
connaissance de Richelieu pour qui elle commencera à
travailler…
Toute cette intrigue, partiellement historique,
partiellement fantaisiste, comprend divers éléments
intéressants. Mais le livre souffre d’un problème
majeur: une écriture qui traite les personnages du
XVIIème siècle, jusqu’aux personnalités royales, à peu
près comme s’il s’agissait d’ados d’aujourd’hui.
Buckingham apparaît comme un parfait crétin. Pris au
milieu d’une foule, il fait des « you hou! »
et des grands moulinets avec ses bras pour attirer
l’attention du roi d’Espagne. Il accuse publiquement la
reine d’Espagne d’adultère et insulte grossièrement le
Premier ministre espagnol et son épouse (voir extrait
ci-dessous). De manière toujours aussi peu réaliste, le
prince anglais et l’infante espagnole flirtent
publiquement comme des gamins, s’éclipsent conjointement
lors d’une fête sans que personne ne s’en rende compte:
on les retrouve couchés dans l’herbe, nus, sans que le
moindre scandale n’éclate. Il n’y a d’ailleurs
apparemment rien qui soit suffisamment outrancier pour
faire réagir la Cour espagnole: ni les coucheries entre
deux héritiers royaux, ni la grossesse de l’infante (qui
épouse à la fin du roman l’héritier de la couronne
impériale autrichienne, bien qu’elle soit fille-mère),
pas plus que les diverses tentatives d’assassinat contre
le prince anglais qui n’émeuvent personne. Quand à la
reine d’Espagne, elle peut partir avec l’infante et
quitter le pays pour se rendre en Flandres sans même en
avertir le roi… Bref, la crédibilité de tous ces
personnages et de leur comportement est inexistante.
Le « réalisme » des situations et des
comportements continue dans la dernière partie située au
couvent de Temple Mars. La reine y reçoit à peu près
publiquement son amant, elle donne un pourboire à la
religieuse qui introduit un visiteur… (!)
Et Milady, dans tout cela? Il est mentionné qu’elle et
son amie Kitty ont reçu une formation d’espionnes,
incluant l’art d’assassiner, sans que l’on comprenne
bien pourquoi. Les efforts pour raccorder l’histoire
d’Anne avec celle de la Milady de Dumas sont limités. On
la voit confier à Harald, quand elle l’épouse, avoir été
mariée précédemment et avoir été marquée au fer rouge
par le prêtre défroqué qui l’avait présentée à son mari,
à qui elle refusait de l’argent: une réécriture de
l’histoire d’Athos et Milady expédiée en quelques lignes
(la question de sa bigamie n’est pas mentionnée du
tout). Kitty est présentée comme une amie intime d’Anne,
ce qui ne cadre pas avec leurs relations
maîtresse/servante dans Les trois mousquetaires.
Il y a bien l’épisode de l’assassinat par Buckingham de
son mari adoré qui donne à Anne une solide raison de
vouloir se venger du ministre anglais. Mais globalement,
le récit ne permet pas de comprendre la transformation
de la charmante Anne qui y est décrite en la démoniaque
Milady de Dumas.
Finalement, l’aspect le plus intéressant du roman tient
peut-être au personnage du père Eremitz. Prêtre affilié
à Massimi, il est chargé des basses œuvres de celui-ci
(assassinats…). Mais il ne demande qu’à échapper au joug
de l’Eglise. Quand l’opportunité se présente, il
s’enfuit et rallie la France où il entre au service de
Richelieu sous le nom… d’Aramis. Au passage, on apprend
que Tréville travaille pour le cardinal: il est chargé
d’espionner l’entourage du roi et de la reine de France.
Il en va de même de ses trois mousquetaires favoris, qui
lui sont tous attachés par des liens de famille: Aramis
est son neveu, Athos son cousin, tandis que Porthos est
le neveu d’Athos. Mais tout cela, là encore, est annoncé
en quelques lignes, sans aucun développement.
Au final, on en arrive à se demander si le projet des
deux auteures n’était pas d’écrire un roman sur
l’affaire des négociations de fiançailles entre
l’Angleterre et l’Espagne, la dimension « formation
de Milady » ayant été ajoutée artificiellement dans
un deuxième temps. Pour une véritable
« réinvention » de la vie de Milady, lire
plutôt le Milady
de Laura L. Sullivan.
Extrait du chapitre 26 The Soirée
Buckingham lowered his voice and bent his head toward
Olivares.
"Let King Philip know the party is over. If he keeps
wasting our time, he will lose. Dear, oh, dear, what
would happen to poor Spain, if our two great nations
were to wind up on opposite sides of this endless war
plaguing Europe? You do realize England has the superior
navy."
Olivares huffed. "King James is desperate for the
infanta's dowry. Thanks to a certain royal favorite with
an endless appetite for luxury, England's treasure has
dwindled to almost nothing. We both know this."
"Spain needs England's military power," Buckingham said,
through clenched teeth. "Your own has withered."
"Your empty threats will not bring us any closer to
finalizing these marriage negotiations."
"Do you want this royal marriage or do you not? »
Buckingham's voice rose in volume, but he saw no need to
curtail it. "What the bloody hell have we been doing
here for the past six months?"
"It is not my decision."
"I am sick of your lies, you pig-faced peasant! Your
king is a child. You are the one who tells this royal
baby what to do and say. Do you take me for a fool?"
"Let us discuss this in my study," Olivares said in a
low voice.
"To hell with your study!" Buckingham spun on his heels.
Gesturing to the nobles around him with a grand sweep of
his arm, he addressed the crowd. "Do you suppose this
self-serving coward does what is best for your king? A
coward who stands aside as a low-ranking member from
your queen's coterie puts horns on your ruler. He thinks
nothing of a rival sweeping the Queen of Spain into his
arms - something we all know only a lover would do!"
Olivares raised his own voice, as if announcing his
remarks to the gathered throng. "It was Lord Tassis's
duty to protect our queen from harm, under any and all
circumstances. He fulfilled his duty admirably, may God
rest his soul."
"Who could believe that?" Buckingham laughed. "If he
were a proper guard, he would come from the king's
court, not the queen's. That rogue put horns on your
king. You did nothing! If it wasn't for me, he would
still be wearing them!"
The lords and ladies gasped. Lady Olivares rushed up to
defend her husband.
"Really, Lord Buckingham, I would strongly urge you to
remember you are an English duke who is representing
your king in the Spanish court. One could only hope not
all English lords behave so boorishly abroad."
"Who are you to reprimand me, you smelly sow? »
Buckingham barked. "I know your type. In your courting
days, you tried to fornicate with any lord who would
have you. But the moment they got under your skirts,
they ran, screaming, "The stench! The stench! 'You had
to settle for the only one who was as disgusting as
you."
A heavy hand came down on Buckingham's shoulder. He spun
to see who dared to assault him. Prince Charles's face
loomed so close he could feel his breath. Buckingham
barely saw the fist flying toward his face. A sharp pain
made his knees buckle and everything went black.
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