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One for all
A comedy screenplay

Iva Polansky

140 pages
Autoédition - 2021 - Canada
Pièce de thêatre

Intérêt: **

 

 

 

Cet ouvrage figure dans la catégorie « pièce de théâtre » de pastichesdumas faute de nomenclature plus appropriée. Il s’agit en fait d’un scénario de film, comme l’indique le sous-titre. De ce fait, même si le texte est entièrement dialogué comme une pièce de théâtre, les changements constants de décor ou les nombreux personnages le rendraient impossible à jouer sur une scène.

Si l’on voulait traduire le titre One for all en français, il faudrait choisir non pas Un pour tous mais plutôt Une pour tous. Car il s’agit là du surnom attribué par les mousquetaires à une jeune femme, Madelon, qui passait pour coucher avec tous les hommes de M. de Tréville à l’époque du roman Les trois mousquetaires. Le récit se déroule près de vingt ans plus tard. Madelon a disparu depuis longtemps, ayant fui cette réputation désastreuse. On retrouve d’Artagnan, en poste à Paris, vivant confortablement en compagnie d’une aubergiste accueillante et surveillant mine de rien une jeune fille, Louise, libraire de son état. Louise est la fille de Madelon, abandonnée par celle-ci aux soins de sa sœur quand elle s’est enfuie. On comprend vite les raisons de l’intérêt de d’Artagnan : il est le père de Louise, père caché puisque celle-ci ne s’en doute pas. Planchet, devenu épicier, habite juste en face de la librairie du père de Louise et renseigne le mousquetaire sur les amours de la jeune fille avec un jeune homme, Laurent, féru de livres lui aussi. Femme accomplie sous tous rapports, Louise souffre d’un gros handicap social : son statut de « bâtarde », née hors mariage.

L’action commence réellement avec le retour inopiné de Madelon. Celle-ci a passé de nombreuses années au Mexique, y a vécu de multiples aventures et a épousé le gouverneur espagnol de la ville de Oaxaca, récemment décédé. L’ancienne fille facile revient donc en tant que comtesse espagnole, riche et pleine d’ambitions pour sa fille. Madelon a élaboré un plan complexe : faire passer Louise pour la fille d’un premier mariage de son mari décédé. Devenant ainsi fille d’un grand d’Espagne, Louise héritera des biens immenses de celui-ci et pourra prétendre au plus brillant mariage. Une grande revanche pour Madelon qui souffre toujours d’avoir été considérée comme quasi prostituée et ne veut pas voir sa fille mise au ban de la société en tant que bâtarde.

D’Artagnan et Louise se heurtent de front. Le mousquetaire sait bien qu’un sort aussi grandiose ne tente nullement Louise (à raison, car la jeune fille repousse les projets de sa mère quand elle en est informée) et veut favoriser Laurent. Madelon lui refuse toute responsabilité vis-à-vis de cette fille qu’il n’a pas reconnue. Comme d’Artagnan lui reproche sa conduite passée, « une pour tous » lui lance un défi : trouver un mousquetaire autre que d’Artagnan prêt à jurer qu’il a couché avec elle.

Interloqué, le mousquetaire part à la recherche de ses trois anciens amis, dont il est persuadé qu’ils ont tous bénéficié à l’époque des faveurs de la jeune femme. Il retrouve d’abord Aramis, devenu abbé dans un couvent de jésuites à Neuilly où il vit dans le luxe et ne semble guère avoir renoncé aux fréquentations féminines. Aramis lui confie qu’il a bien tenté d’aller chez Madelon mais qu’il a été catégoriquement repoussé. Les deux hommes vont ensemble retrouver Porthos dans son château. Veuf, ce dernier s’y ennuie à mourir, au point qu’il est prêt à susciter des accidents aux voyageurs de passage pour les héberger de force le temps de réparer les dégâts. Porthos confie lui aussi qu’il n’a jamais pu approcher Madelon. Les trois hommes vont alors chez Athos qui, lui non plus, n’a pas joui des faveurs de la belle et qui donne la clé de l’énigme : ce surnom de « une pour tous » n’a jamais été qu’une plaisanterie au sein des mousquetaires, appliqué à une femme qui aimait d’Artagnan et ne voulait de personne d’autre. Une plaisanterie dont les hommes n’avaient pas mesuré les conséquences : l’exil de Madelon, l’abandon de sa fille…

Pas fiers d’eux – et d’Artagnan encore moins que les autres – les quatre mousquetaires décident d’aller présenter leurs plus profondes excuses à Madelon. Ils arrivent à Paris au moment où l’on apprend que Louise a été enlevée par un aristocrate espagnol qui la prend pour la première fille du gouverneur de Oaxaca et convoite sa fortune. Une expédition est montée pour délivrer la jeune fille. On y trouve les quatre mousquetaires, Madelon et sa servante mexicaine. Comme il se trouve que la servante et sa maîtresse (qui a eu le temps d’acquérir quelques compétences inhabituelles durant sa vie aventureuse) maîtrisent à la perfection l’art du lancer de couteaux, elles tuent les ravisseurs avant même que les mousquetaires n’aient le temps d’intervenir, pour la plus grande frustration de ces derniers. D’Artagnan et Madelon se réconcilient, il reconnaît la paternité de Louise, celle-ci épouse Laurent, et Madelon se marie avec Porthos qui a été terriblement impressionné par les capacités hors pair de la dame.

 

One for all est une comédie réussie, légère et bien menée. On ne peut s’empêcher de penser que tout le récit découle de l’idée de détourner la célèbre devise des mousquetaires pour en faire le surnom d’une femme censée être légère. Une idée très amusante dont l’auteure Iva Polansky tire un excellent parti. Les personnages sont bien campés, notamment d’Artagnan avec ses états d’âme vis-à-vis de sa fille et de son ancienne maîtresse. Les retrouvailles avec les trois autres mousquetaires, inspirées directement de Vingt ans après sont bien dans l’esprit de Dumas. Les dialogues sont pleins de vie et l’ouvrage fourmille de trouvailles amusantes comme la déconfiture des mousquetaires constatant que les femmes n’ont nul besoin d’eux pour se débarrasser des ravisseurs de Louise. Un excellent « scénario », donc, que l’on aimerait voir porté à l’écran.

Merci à Mihai-Bogdan Ciuca de m'avoir signalé ce texte.

Extrait

INT. CONVENT ROOM - CONTINUOUS

The room is decorated in palatial luxury. Swords and muskets attached to the walls, as well as military oil paintings, clash with a satin-curtained bed that could belong to a courtesan.

Aramis (50) is a meticulously groomed attractive man. D'Artagnan embraces him.

D'ARTAGNAN
My dear Aramis!

ARAMIS
Ah, my friend, Aramis the Musketeer is gone. You've embraced the Abbé d'Herblay, a man of the church and author of popular sermons.

D'ARTAGNAN (looking around)
The sermons seem to sell well. Are you, yourself, a good orator?

ARAMIS
Alas, I had to give up personal performances. I get too distracted by beautiful women in the audience.

The door opens, letting in Bazin who utters a cry of despair at the sight of d'Artagnan.

D'ARTAGNAN
Bazin, I admire the coolness with which you lie in the church.

BAZIN
The Jesuits teach us that lying with good intentions is permitted. My master understands that I have his well-being in mind.

ARAMIS
That's true, d'Artagnan. He warned me most passionately against you.

(to Bazin)
Now go and bring us whatever food we have and my good wine. Also a basket of the same for Planchet, who's down there, looking after the horses.

Bazin exits.

D'ARTAGNAN
You look well. Not much older than when I last saw you.

ARAMIS (massaging his hands with a potion)
One has to look after oneself the more so as age approaches. I'll be forty soon.

D'ARTAGNAN
That's strange. I passed that milestone five years ago and I used to be three years younger than you.

ARAMIS
Really? Dear me, how the time flies. Bazin! Where are you, you lazy animal? Reading his breviary somewhere, most likely.

Bazin enters, carrying the refreshments.

ARAMIS
Move faster, will you? You're not in the church anymore.

Bazin serves them and then leans out of the window to lower a basket to Planchet.

ARAMIS
And you, dear friend, what news?

D'ARTAGNAN
Same old, same old. I'm sure your life is far more interesting. What else do you do besides writing sermons?

ARAMIS
I also act as a confessor to the Duchess de Longueville to whom my ministrations bring great comfort.

D'ARTAGNAN
Does it mean that you no longer comfort her arch-enemy, the Duchess de la Chartreuse?

ARAMIS
I bring comfort where comfort is needed regardless of court politics. For visiting penitents I provide a solid wood ladder. The Almighty appreciates my effort.

Bazin, who has been listening to the conversation clasps his hands and supplicates the heavens, to d'Artagnan's amusement. Aramis reads the latter's face.

ARAMIS
Bazin, are you standing there, behind my back, making signs of disapproval? Because if you do, I'll burn all your holy images. If you're done, be gone.

Bazin exits.

ARAMIS
Now let's approach the reason for your visit here. What can I do for you?

 


 

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