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Introduction aux suites de Monte-Cristo
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Sans doute un peu moins immédiatement populaire que la série des Mousquetaires, parce que moins facile d’accès, Le comte de Monte-Cristo a lui aussi suscité de nombreuses suites. Rien d’étonnant à cela : les grands thèmes brassés par le roman – la métamorphose du héros, la toute puissance, la vengeance – ont une telle universalité que des auteurs de toutes les époques et de tous les pays ont pu s’en inspirer. Dans un premier temps, la fascination exercée par Monte-Cristo s’est traduite par une floraison de suites directes au roman, avec en premier lieu La main du défunt, d'Alfredo Hogan, dès 1853, suivi par Le Fils de Monte-Cristo (1881), de Jules Lermina, et sa propre suite Le Trésor de Monte-Cristo (1885). Ces deux premières suites constituent un exemple très
intéressant des possibilités de variations sur l'oeuvre:
celle de Hogan, plutôt ratée, propose une relecture morale
du roman de Dumas, selon laquelle Monte-Cristo doit être châtié
en raison de son incapacité à pardonner. Celle de Lermina,
très réussie, correspond à une relecture idéologiquement
opposée, "socialiste" au sens du XIXème siècle.
Monte-Cristo s'y engage en faveur de la liberté des peuples,
mais tombe victime de ses propres insuffisances: son orgueil, son incapacité
à armer son fils contre les dangers qui le menacent... |
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Mais c’est aux Etats-Unis que le phénomène
a pris toute son ampleur. La fin du XIXe siècle y a été
marquée par une prolifération de publications, toujours
sous le nom de Dumas lui-même, mêlant traductions de suites
françaises (sans mention de leur véritable auteur) et
oeuvres "originales". Avec une particularité intéressante:
ces livres de qualité très inégale renvoient fréquemment
les uns aux autres, édifiant une sorte de corpus commun à
partir duquel se développent de nouvelles suites. La maison d'édition
Donahue pouvait ainsi afficher fièrement à son catalogue,
sous le nom d'Alexandre Dumas, Bride
of Monte Cristo, Countess of
Monte Cristo, Daughter of Monte Cristo, Monte
Cristo and his wife, Son of Monte
Cristo... (voir également ci-contre la publicité
de l’éditeur Allison). |
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![]() Le livre a bien sûr été abondamment adapté... |
La traduction du Fils de Monte-Cristo de Lermina, joue un rôle clé dans cette prolifération de suites. C'est là, semble-t-il, que pour la première fois on voit le comte épouser son "esclave" Haydée et en avoir un fils, prénommé Espérance. Le mariage avec Haydée se retrouve dans la plupart des autres suites américaines. Espérance figure dans le roman Edmond Dantès, où il est doté d'une soeur, Zuleika. Cette dernière joue un rôle central dans Monte Cristo's daughter, et ainsi de suite, si l'on ose dire. Dans la période récente, une très belle suite
a été donnée par François Taillandier avec
Mémoires de Monte-Cristo
(1994), qui comble les «trous» laissés par Dumas
dans son récit. |
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Autre forme d’hommage abondamment suscitée
par Monte-Cristo : les «remakes». Si, dès 1885, Jules
Verne donne avec Mathias Sandorf
sa propre version du roman de Dumas, il s’est trouvé depuis,
à plusieurs reprises, des écrivains qui ont choisi de
réécrire celui-ci, en transposant très fidèlement
intrigue et personnages dans un contexte différent. C’est
le cas de Philippe Daudy avec La
Force du destin (1981) et de Stephen Fry avec The
stars’ tennis balls (2000). |
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A ces exercices parfois virtuoses mais un peu vains parce que pas particulièrement créatifs, on peut préférer les livres qui utilisent les grands thèmes du Comte de Monte-Cristo mais en les transformant et en les réinterprétant. Dans ce registre, mentionnons Le Roi Mystère (1908) de Gaston Leroux, qui joue avec tous les codes du roman-feuilleton, ou le superbe The stars my destination (1956) d’Alfred Bester, qui a composé un chef d’œuvre de la science-fiction classique en jouant avec les grands thèmes de l’œuvre de Dumas. | ||
Et tout récemment, l’écrivain espagnol Arturo Pérez-Reverte en a donné une version réaliste et passablement cynique en transposant le roman dans le monde des trafiquants de drogue avec La Reina del Sur (2002).
Rien n’est plus universel que les fantasmes de toute puissance, de richesse illimitée, de capacité à récompenser les bons et punir les méchants : parce que Monte-Cristo incarne mieux que tout autre roman ces mythes inépuisables, l’œuvre de Dumas continuera pendant longtemps à être réécrite et réinterprétée, pour notre plus grand bonheur. |
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