Blanche: Cuore di moschettiere Blanche - Coeur de mousquetaire
Angélique Chevalier Paola Antista (illustrations) Lucia Vaccarino Gloria Danili
190 pages Editions Piemme - 2019 - Italie Roman
Intérêt: **
Blanche: Cuore di moschettiere est un roman italien
publié en 2019 par les Editions Piemme. La traduction en
français a été publiée en 2022 par Pocket Jeunesse sous le
titre Blanche - Cœur de mousquetaire. Il s’agit du
deuxième volume de la série, après Blanche
- Espionne de la Reine.
Ce
nouveau volume poursuit donc les aventures de Blanche de
la Fère, cette petite adolescente fille d’Athos et de
Milady. Une origine familiale qui lui vaut de mener une
double vie. D’un côté elle est officiellement dame de
compagnie de la reine Anne, avec les mondanités et les
élégances que cela suppose. De l’autre, elle est deux fois
espionne, agent double en fait. Richelieu l’emploie, en
tant que fille de sa regrettée Milady, pour espionner la
reine. Mais Blanche est en réalité totalement dévouée à
Anne d’Autriche, et mène pour celle-ci de périlleuses
missions.
Dans cette deuxième histoire, Blanche est chargée par la
reine de trouver un cadeau à offrir à Louis XIII pour son
anniversaire. Tombant par hasard dans les rues de Paris
sur un remarquable spectacle donné par des saltimbanques,
elle a l’idée d’inviter ces derniers à jouer devant le
roi. Le chef de la troupe, Naval Dubois, est curieusement
réticent à accepter cet engagement, pourtant fort bien
payé. Il ne se rallie à la proposition que sur les
instances de son jeune fils qui rêve de profiter de
l’occasion pour voir en chair et en os son idole,
d’Artagnan.
Mais Richelieu profite de l’occasion pour élaborer un plan
machiavélique. Ayant percé à jour le secret de Dubois, il
l’oblige à inclure dans son numéro un verre de vin à faire
boire au roi. Simultanément, il envoie Blanche acheter une
fiole de poison dans la cour des Miracles. Le verre de vin
sera donc empoisonné. Son but n’est pas de faire mourir le
roi: Richelieu interviendra à temps. Mais Naval Dubois,
sur ordre du cardinal, accusera les mousquetaires d’avoir
organisé le complot. Tout l’objectif de Richelieu est de
discréditer définitivement d’Artagnan et ses hommes. Comme
on peut s’en douter, l’intervention conjointe du
mousquetaire et de Blanche permettra de faire échouer les
manœuvres du cardinal.
Tout
comme le premier volume, ce petit roman pour jeunes
adolescents est agréable à lire. Rythmé, enlevé, plein de
rebondissements plus ou moins vraisemblables, il se
distingue du tome 1 par une place plus importante donnée à
d’Artagnan. Les relations privilégiées entre ce dernier et
la jeune fille sont approfondies: d’Artagnan s’occupe de
plus en plus de l’éducation de Blanche, pour le maniement
de l’épée comme en matière d’intrigues de Cour.
La série continue avec Blanche - A la pointe
de l'épée.
Voir l'interview
des deux auteures.
Merci à John Rimbauld de m’avoir
signalé ce livre.
Extrait du chapitre 9 Acqua-tofana
Elle vit apparaître une silhouette au bout du chemin
et en eut presque le souffle coupé. Elle avait la gorge
sèche, les yeux cernés par trois nuits d'insomnie. Ses
mains tremblaient.
Elle bondit sur ses pieds.
— D'Artagnan ! appela-t-elle.
Le légendaire spadassin de Lupiac, chef des mousquetaires,
vieil ami de son père, sourit, faisant frétiller sa
barbiche. Il ne s'attendait certainement pas à entendre ce
que son élève spadassine avait à lui raconter.
— Pourquoi es-tu si matinale aujourd'hui ?
— Vous ne savez pas ce qui se passe au palais! répondit
Blanche.
— En garde, ma chère !
— Oh non, d'Artagnan, je vous en prie ! Je ne suis pas
venue pour une leçon d'escrime !
Mais l'autre ne lui laissa pas le temps de réagir. Il se
rua en avant et elle ne put esquiver l'une de ses
exceptionnelles bottes, « l'éclat de glace », qu'il
cherchait à lui apprendre. Celle-ci consistait à regarder
vers la gauche du rival tout en se déplaçant sur sa droite
pour le transpercer d'une inévitable estocade. Blanche
para le coup du mieux possible, mais ne fut pas assez
rapide. Elle était surtout ralentie par sa blessure,
certes superficielle, mais encore douloureuse. Pour
couronner le tout, la pente sous le hêtre était trop
raide. Elle perdit l'équilibre, et d'Artagnan dut lui
tendre une main pour qu'elle ne roule pas à terre. Blanche
avait envie de pleurer à chaudes larmes, mais elle réussit
à se contenir.
— Doucement, doucement, spadassine ! Mais que
t'arrive-t-il ?
Il nous arrive que le cardinal... et le saltimbanque...
et le remède de Perdreau...
Elle se sentait troublée, bouleversée, et se serait
probablement évanouie si l'image du cardinal et l'écho de
sa voix diabolique ne lui étaient pas revenus à l'esprit.
À cette pensée, elle se reprit. Elle se rappela qui elle
était : la fille d'un mousquetaire et de Milady de Winter,
l'espionne la plus meurtrière du cardinal de Richelieu.
Par un étrange coup du sort (ou plutôt un malheureux
hasard), elle se retrouvait à espionner pour le compte de
l'ancien protecteur de sa mère... et pour celui de la
reine Anne, prise au piège malgré elle d'un effroyable
double jeu. Elle était le plus petit pion d'une partie
d'échecs qu'elle devait jouer les yeux bandés. Voilà qui
était Blanche. Et elle n'était pas venue là, à l'aube,
pour supplier d'Artagnan de l'aider... mais pour l'avertir
!
En garde, Blanche. Et on recommence !
Elle essuya une larme sur sa joue et croisa le fer,
portant quelques coups efficaces à son maître.
— Allons, Blanche, crache le morceau !
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