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Le dernier Valois (Les Quarante-Cinq)

Paul Mahalin

370 pages
Calmann Lévy - 1894 - France
Roman

Intérêt: **



Ce roman constitue la troisième des quatre suites consacrées par Paul Mahalin à la trilogie des Valois de Dumas (La reine Margot, La dame de Monsoreau, Les Quarante-Cinq). Dès la première page, une note rappelle au lecteur que « les épisodes qui précèdent ont pour titre Le Roi de la Ligue et Les Barricades ». Le dernier Valois est enfin suivi par La fin de Chicot. Cet ensemble de romans est sans doute un cas unique de quatre suites successives données à une œuvre de Dumas par un seul auteur. Il est vrai que Mahalin s’en est fait une spécialité: il a également écrit trois romans inspirés par Les trois mousquetaires (Le fils de Porthos, D’Artagnan, Le filleul d’Aramis) et un dérivé du Comte de Monte-Cristo (Mademoiselle Monte-Cristo).

Le dernier Valois se déroule à Blois en décembre 1588 pendant les quelques jours précédant l’assassinat du duc de Guise par Henri III. Le conflit entre le roi et le chef de la Ligue des catholiques ultra est scrupuleusement évoqué en toile de fond du roman. Il est à noter que Mahalin prend totalement le parti du duc de Guise: celui-ci est décrit comme étant doté de toutes les vertus: le courage, l’honneur, etc. Face à lui, Henri III est présenté comme lâche, indécis, faible, jaloux de Guise…

La trame romanesque tourne autour d’une héroïne: Jacqueline Buisson, jeune fille mystérieuse dont l’identité réelle, inconnue de tous, se cache sous ce nom bourgeois. Ce qui ne l’empêche pas d’occuper un logement princier face au château de Blois. Le lecteur apprend vite qu’il s’agit en fait d’une fille cachée illégitime de Guise. Le duc, qui l’adore, lui rend visite la nuit, si bien que l’on croit que cette inconnue, dont la beauté est telle que même le roi Henri III en est amoureux, est sa maîtresse.

Face à elle, le héros principal est Pergame, jeune seigneur totalement dévoué au duc de Guise. Pergame est amoureux fou de la jeune fille (dont il ignore l’identité réelle), amour qu’elle lui rend pleinement. Les deux tourtereaux ont le projet de se marier, ce que le duc, consulté par sa fille, approuve. Mais quand de bonnes âmes affirment à Pergame que sa belle est la maîtresse cachée de Guise, il en devient quasiment fou, se pensant trahi à la fois par sa fiancée et par son maître.

Le roman s’achève sur l’assassinat du duc de Guise. On peut comprendre que Pergame, qui a appris la vérité sur la relation entre le duc et Jacqueline, pourra finalement épouser la belle.


Le récit n’est pas toujours facile à suivre dans tous ses détails car il comporte de nombreuses références à des personnages et des événements des deux « suites » précédentes. Il n’en reste pas moins tout à fait compréhensible et intéressant. Le lien avec Les Quarante-Cinq est direct. Ces quarante-cinq gentilshommes gascons qui forment la garde personnelle du roi apparaissent dans tout le récit (voir extrait ci-dessous), et notamment lorsqu’il s’agit d’assassiner le duc de Guise. Surtout, Chicot, cet étonnant personnage héros des romans de Dumas, est très présent. Il joue un très beau rôle dans Le dernier Valois: totalement dévoué au roi, il tente à toutes forces de l’empêcher de recourir au meurtre du duc, dont il estime que ce serait une lourde faute. Chicot va même jusqu’à conseiller à Guise de fuir avant l’heure fatidique. Mais il échoue, bien évidemment (tout comme d’ailleurs dans La fin de Chicot, il ne réussit pas à empêcher Jacques Clément de tuer Henri III).

Même sans avoir lu Le Roi de la Ligue et Les Barricades, il est clair que Le dernier Valois et sa suite, La fin de Chicot, complètent heureusement la trilogie des Valois de Dumas, où l’action reste en plan à la fin des Quarante-Cinq. Et comme toujours chez Mahalin, le récit est fort agréable à lire, enlevé et nourri de dialogues des plus vivants.





Extrait du chapitre X Où le lecteur assistera à ce qui se passait, ce matin-là, dans la cour basse du château de Blois, entre les serviteurs du roi et les champions de l’Union


Le bonnet enfoncé jusqu'au bas des oreilles, (les partisans du duc de Guise, surnommé le Balafré) battaient la semelle et soufflaient dans leurs doigts d'un air piteux et lamentable.

D'aucuns parlaient de quitter la place.

Mais Crucé était là pour les en empêcher.

Et, les poussant, les bousculant, les houspillant :

— Mais, remuez-vous donc un peu ! Dégourdissez-vous Dégelez-vous ! Comment, vous voyez ce château et vous connaissez M. le duc? Eh bien ! M. le duc est là dedans, qui met une plume entre les mains du Roi, et qui lui dit comme David au tyran Saül…

Il fut interrompu par le concierge Goudard, qui accourait tout effaré :

— Au nom du ciel, monsieur Crucé, parlez moins haut !... Les Quarante-Cinq ne sont pas loin... Et j'ai ici, dans ma loge, une demi-douzaine de pages de Sa Majesté et de Son Éminence le cardinal de Bourbon.

Les Quarante-Cinq n'étaient pas loin, en effet.

Groupés devant la galerie de Louis XII, et, n'ayant, pour l'instant, aucun service à faire, mais retenus par la consigne, ils piétinaient sur place comme des chevaux au piquet, et maugréaient à qui mieux mieux contre les rigueurs de l'hiver.

Toutefois, il importe de constater que tous ces fils de la multiloquente Gascogne étaient loin d'affecter à Blois le langage de tranche-montagne et les allures de rodomonts que vous leur avez connus à Paris.

M. d'Epernon, leur protecteur, n'était plus là pour les faire payer largement, tout en s'enrichissant lui-même.

Et puis, le soin de veiller à la sûreté de leur maître les emprisonnait à l'intérieur du château, où ils rongeaient leur frein en voyant les gentilshommes de M. le Grand — comme ses partisans appelaient le Balafré — libres de papillonner au dehors.

Aussi avaient-ils voué à ceux-ci une haine exaspérée jusqu'à la frénésie.

Ah! s'ils avaient pu seulement en mettre en perce quelques-uns !

Mais M. de Guise ne l'entendait pas de cette oreille-là: or, M. de Guise était le maître.

Nos Gascons se contenaient donc ; mais, à défaut de coups d'estoc, ils ne se gênaient point pour accabler leurs adversaires de regards féroces, de quolibets sanglants et d'injurieux dédains.


 


 

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