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Blanche: Uno per tutti, tutti per uno
Blanche - Complots et retrouvailles

Angélique Chevalier
Lucia Vaccarino
Gloria Danili
Diana Mercolini (illustrations)

192 pages
PKJ - 2023 - Italie
Roman

Intérêt: **

 

 



Blanche: Uno per tutti, tutti per uno, en français Blanche - Complots et retrouvailles, est le cinquième volume des aventures de Blanche, après Espionne de la Reine, Cœur de mousquetaire, A la pointe de l’épée et Seules contre tous. Bien qu’écrit en italien par les deux auteures Lucia Vaccarino et Gloria Danili, qui signent conjointement sous le pseudonyme Angélique Chevalier (voir l’interview qu’elles ont accordé à pastichesdumas), le roman a été publié directement en français.

La série des aventures de Blanche de la Fère, petite adolescente fille d’Athos, comte de la Fère, et de Milady, se poursuit donc. Par rapport aux précédents, ce cinquième tome se caractérise par un retour très marqué aux sources, c’est-à-dire aux Trois mousquetaires de Dumas. Les quatre mousquetaires y jouent en effet un rôle important et la jeune Blanche y fait de nombreuses découvertes concernant chacun de ses deux parents, l’histoire passée des mousquetaires, l’affaire des ferrets de la reine, etc.

Point de départ du récit: la décision de Louis XIII de célébrer avec faste le trentième anniversaire de la création du corps des mousquetaires. A cette occasion, tous les anciens mousquetaires vont se retrouver à Paris, y compris les quatre plus célèbres d’entre eux, évidemment, et donc Athos, le père de Blanche avec qui elle n’a presque pas de contact. Ulcéré par cet hommage rendu à ses anciens adversaires, l’infâme Richelieu veut profiter de l’occasion pour les discréditer complètement, et la reine Anne en même temps. Pour ce faire, il charge Blanche d’une mission cruciale: déchiffrer le journal intime de sa mère Milady (qu’il lui avait remis dans le tome 3) pour y trouver la cachette des deux ferrets de la reine jadis volés par Milady à Buckingham (et que, contrairement à ce qu’il se passe dans le roman de Dumas, elle a gardé pour elle). L’idée de Richelieu étant que, s’il peut mettre la main sur ces ferrets, il pourra enfin prouver au roi que la reine le trompait avec le Premier ministre anglais et que les mousquetaires étaient ses complices.

Blanche réussit effectivement à retrouver les ferrets. Mais comme elle est secrètement dévouée à Anne d’Autriche, elle s’arrange pour empêcher le cardinal de les récupérer et pour la remettre en fait à la reine. Plus important: Blanche rencontre les trois mousquetaires qu’elle ne voyait jamais, Athos, Porthos et Aramis (contrairement à d’Artagnan qui est toujours à la Cour et l’instruit dans les arts du combat). La voilà confrontée à des révélations brutales sur le passé de ces hommes, la plus difficile à digérer étant le fait que c’est eux qui ont fait tuer sa mère, Milady. Apprendre que son propre père Athos, son mentor adoré d’Artagnan et leurs deux meilleurs amis sont les assassins de sa mère, voilà ce que Blanche est à deux doigts de ne jamais leur pardonner… sauf que l’étude du journal de Milady l’amène à se convaincre que cette dernière est en fait toujours vivante! De quoi laisser augurer de nouvelles révélations dans les suites à venir…


Ce cinquième tome poursuit très agréablement les aventures de Blanche, cette petite adolescente qui mène une double vie entre son dévouement de façade pour Richelieu et son attachement réel à Anne d’Autriche. Alors que les volumes précédents n’avaient que pas ou peu de rapports avec le roman de Dumas (hormis l’origine de Blanche et la présence de d’Artagnan), celui-ci se singularise, comme déjà noté, par le grand retour des Trois mousquetaires. Il n’est que de regarder les titres des chapitres pour s’en convaincre: Le retour des trois mousquetaires, Le message de d’Artagnan, L’ombre de Milady, Sur la piste des ferrets de diamants, Athos, Porthos et Aramis, etc. L’histoire de Blanche s’enrichit en s’ancrant ainsi dans son grand modèle. La jeune fille gagne en épaisseur: sa révolte contre l’emprise des hommes sur sa vie, son refus d’accepter les normes qui s’imposent aux femmes de la bonne société de son époque résonnent de façon intéressante avec ce qui a pu entraîner sa mère Milady sur son chemin fatal (voir extrait ci-dessous). On peut simplement regretter certaines faiblesses de l’intrigue comme la pseudo cachette trouvée par Milady pour les ferrets: au fond d’une paire de bottes dans une maison abandonnée!



Extrait du chapitre 11 L’heure de vérité

- Papa, laissez-moi vous expliquer, intervint Blanche.

- Ton père a raison, Blanche, soupira d'Artagnan. Je n'aurais pas dû t'apprendre à tirer l'épée... Je n'ai pas tenu les promesses que je lui avais faites lorsqu'il a décidé de t'envoyer ici, il y a des années... avoua-t-il.

Non, d'Artagnan! Que dites-vous ? Que quelqu'un me réveille et me dise que tout ceci n'est qu'un cauchemar !

Blanche reprit son souffle et, avec toute la colère dont elle était capable, déclama :

- En somme, est-ce vous qui devez décider ce que moi, je veux ? Papa, c'est moi qui ai prié d'Artagnan de m'enseigner l'art de l'épée et non l'inverse ! Et par chance, il a accepté, sinon, je le jure sur la couronne de France, je n'aurais pas tenu un jour de plus au palais ! (Elle se tourna vers d'Artagnan.) Maître, je suis très déçue par vos derniers mots. Je pensais que vous, au moins, étiez différent ! Mais peut-être êtes-vous exactement comme tous les autres hommes qui pensent qu'une femme, juste parce qu'elle est née fille, n'a pas le droit d'être courageuse…

Blanche dévisagea Marcel avant de continuer:

- … ni le droit de pratiquer poursuites et filatures, duels et combats, et non plus le droit d'essuyer des échecs sans que quelqu'un se sente en devoir de la protéger !

Marcel baissa les yeux, tandis que Porthos et Aramis écoutaient avec curiosité le discours passionné de celle qui, tout à coup, ne semblait plus une jeune dame de la cour, mais une combattante tenace.

La jeune épéiste reprit son souffle et s’emporta:

- Papa, nous ne sommes pas toutes faites pour vivre selon des étiquettes, avec de belles robes et des convenances à respecter! Et si vous voulez vraiment le savoir, je donnerais n'importe quoi pour ne plus avoir à porter ces robes stupides, à supporter ces inutiles caquetages et ces leçons de broderie toute la sainte journée. Je déteste faire semblant d'être qui je ne suis pas ! Je serais heureuse si au moins mon père pouvait comprendre cela ! dit-elle enfin, les yeux brillants.

- Ma fille, soupira Athos en secouant la tête, je... je ne veux pas que... tu deviennes comme ta mère !

Pour Blanche, ce fut comme un coup de poing dans le ventre.

- Que dites-vous, père ?

- Tu pourrais attirer l'attention de Richelieu, Blanche. lâcha-t-il entre ses dents serrées. S'il savait que tu es de connivence avec les mousquetaires, tu risquerais ta vie !

À ces mots, Blanche lui lança un regard de défi.

- Trop tard. Richelieu sait qui je suis, ou plutôt, il sait qui était ma mère, c'est pourquoi il m'a contrainte à pactiser avec lui. Je suis une espionne.

- Que… Quoi ? balbutia le comte de la Fère, incrédule.

- Je suis une espionne pour la reine, et une prétendue espionne pour Richelieu. Ne vous est-il pas venu à l'esprit, papa, qu'un homme comme le cardinal pouvait connaître l'identité de Milady, et savoir qu'elle avait autrefois été Anne de Breuil, votre épouse et ma mère ?

 


 

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